Pop : A.M. Higgins a trouvé son son dans l’Aveyron

« Né à Najac »… Si AM Higgins choisissait d’apposer un auto-collant sur son premier album solo, tel pourrait en être le texte. Généralement, ces stickers servent à annoncer une collaboration avec une célébrité (par exemple : « En duo avec Dominique A. »). La contribution de Najac n’est pas moins prestigieuse – la petite commune, qui surplombe les gorges de l’Aveyron, fait partie des « plus beaux villages de France » – et n’en est pas moins réelle. La chanteuse états-unienne y a trouvé ce qui lui manquait probablement à Chicago, lorsqu’elle jouait dans des groupes comme Singing in the Abbey ou Weatherman, avec lesquels elle a enregistré plusieurs disques.

« Quand je suis passé d’un environnement urbain, celui de Chicago, à un environnement rural, à Najac, mon rythme de vie s’est considérablement ralenti, d’une manière vraiment notable » raconte-t-elle. « Après mon installation à Najac, il y a 4 ans, j’ai repensé mon emploi du temps. Je m’astreins chaque jour à 1 heure de contemplation suivie de 3 heures d’écriture musicale. Pendant cette heure de contemplation, je fais des randonnées à l’extérieur ou je m’assoies pour réfléchir ou prier. Cette heure de contemplation est souvent devenue un moment où je me perds dans les bois ou où je marche sur un sentier isolé. Ce temps est immédiatement suivi par l’écriture de nouvelles paroles, de nouvelles chansons, les deux sont donc devenus connectés. Avant de déménager à Najac, mes textes s’inspiraient déjà de recueils de poésie qui décrivaient la nature mais, maintenant, ce sont mes propres expériences dans la nature qui nourrissent ma musique ».

Annie Meredith Higgins, qui cite volontiers parmi ses références des albums tels que Towards the sun d’Alexi Murdoch, Solo Remains de Nils Frahm, Teen dream de Beach House ou Pink Moon de Nick Drake, donne en exemple sa chanson Peaks & Plains. « J’ai vite conçu la mélodie mais il m’a fallu des mois avant de trouver le bon sujet ou la bonne orientation pour la chanson. Un jour, j’ai fait une randonnée dans un tout petit village près de Najac, appelé Lagarde Viaur, à l’extérieur de Saint-André-de-Najac. La randonnée commence dans le village, au sommet d’une pente assez raide, puis descend extrêmement bas, jusqu’à une rivière. C’est en m’imprégnant de cet environnement extrême que j’ai imaginé les paroles de la chanson : « La vallée est basse / J’entends tes pieds sur la route / Entre les sommets et les plaines / Je t’entends appeler mon nom… ». Depuis, à chaque fois que je jouer ce titre, je revois la randonnée dans mon esprit et je retrouve ces sensations ».

C’est ainsi qu’est né ce premier album en solitaire (ou presque : Jason Toth, son époux, restant aux percussions et Joshua Dumas aux claviers, comme au temps de Weatherman). Ses huit titres rêveurs sont autant de respirations, de récréations qui mêlent action et méditation, pop et folk, impétuosité des rivières et sagesse des vieilles pierres chauffées au soleil. Au soleil de Najac, naturellement !

Photo de têtière : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin...
En apprendre plus sur la poétesse Mary Oliver, dont A.M. Higgins dit : « Je n'avais jamais été touchée aussi personnellement par de la poésie, jusqu'à ce que je lise Wild geese. Sa capacité à utiliser la nature comme métaphore des émotions humaines me parle profondément ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *