Tout le monde sait que le surnom de Charlie Parker, l’un des saxophonistes les plus influents de l’histoire du jazz, était « Bird ». La petite histoire raconte que le héros du bebop devait ce nom à son goût immodéré pour le poulet mais les poètes préféreront se souvenir qu’il jouait à la vitesse des oiseaux, ces sprinteurs de la double croche, notamment sur des classique comme Ornithology (1946). Le saxophoniste David Murray a nécessairement pensé à ce pionnier lorsqu’il s’est attelé à une ode aux oiseaux, ainsi qu’à Eric Dolphy, longuement cité dans le livret.

Le nouvel album de David Murray s’intitule en effet Birdly Serenade. Il a été enregistré au studio Van Gelder mais est inspiré d’un séjour dans un centre de résidence d’artistes, sur les rives du lac Blue Mountain, au pied des monts Adirondacks, dans l’État de New York. Sa femme, Francesca Cinelli, y avait été invitée et, juste avant leur départ, David Murray avait eu une discussion avec Randall Poster, un éminent superviseur musical, qui conseille notamment Martin Scorcese ou Wes Anderson pour les bandes-originales de leurs films. Randall Poster a récemment obtenu un Grammy Award pour son coffret « Birdsong Project », conçu avec l’organisation environnementale National Audubon Society.
Birdly Serenade est donc un nouveau chapitre du « Birdsong Project », même si sa principale source d’inspiration reste les poèmes de Francesca Cinelli. « Light and flowing / The birdly serenade / Floats / Sways / And capsizes / For the loony loon / Nimble palm and graceful wings / To invite love / To the dancing feast / Of the swirling minnows » (« Légère et fluide, / La sérénade de l’oiseau / Flotte / Se balance / Et chavire / Pour le huard fou / Palmes agiles et ailes gracieuses / Inviter l’amour / À la fête dansante / Des poissons tourbillonnants ») chante Ekep Nkwelle, une étoile montante du jazz vocal, sur le premier titre de l’album.
Au-delà de cette première valse polyrythmique, David Murray a écrit 7 compositions frissonnantes, interprétées avec brio par un quartet soudé, où brille tout particulièrement la pianiste Marta Sanchez. Un titre est dédié au jazzman amérindien Lee Mixashawn Rozie, d’autres manifestement nourris par les souvenirs de jeunesse du jazzman, lorsque son père l’emmenait voir les hirondelles acrobates. Le mot de la fin revient à la poétesse et écrivaine Francesca Cinelli qui conclut Oiseau de paradis par cette question toujours d’actualité : « Quel ramage se rapporte à ton plumage ? ».
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de David Murray