Deux associations, 1% for the Planet France et le collectif 1% pour les glaciers, vous invitent à assister à la fonte d’un disque. Cela se passera le lundi 8 décembre à 9h à l’Auditorium du Carreau du Temple, à Paris. Pressé comme un vinyle dont le plastique aurait été remplacé par de l’eau congelée, ce disque fondra au fur et à mesure de sa diffusion. Une opération de sensibilisation particulièrement poétique, menée à quelques jours de la fin de l’année internationale de la préservation des glaciers, qu’explique Aurélien Burion, plus connu sous le nom de Ghost in the loop…
Qu’est-ce qui est gravé sur ce fameux « vinyle de glace » ?
Aurélien Burion : « Il y a des enregistrements que j’ai effectués dans plusieurs glaciers, le glacier de Zinal et le glacier du Grand Méan. Il y aussi une composition coécrite avec Flavien Berger. Je me suis basé sur les données de la Mer de Glace. Je fais de la sonification : je transforme les données qui ont été collectées par les scientifiques sur la perte de masse de la Mer de Glace depuis les années 1980. Je traduis ces données en musique. Enfin, il y a la voix d’un autre artiste, Quentin Mosimann, qui incarne la Mer de Glace et qui s’adresse à l’auditeur en expliquant que ce vinyle de glace a été créé à partir des restes de son corps. En effet, le vinyle a été créé avec les eaux de fonte de la Mer de Glace. Il explique également que les glaciers sont les piliers du monde vivant, en montagne, que leur présence est indispensable pour la survie des écosystèmes et des humains, tout simplement, et qu’à cause du réchauffement climatique, ils sont en train de disparaître de manière inexorable. Même si l’avenir de certains est scellé (la Mer de Glace est condamnée, aujourd’hui), il est encore temps d’agir pour les glaciers qui peuvent être préservés. Tout cela est gravé sur le vinyle de glace… »
Comment fait-on pour graver dans de la glace ?
Aurélien Burion : « Il faudrait demander à Barthélemy Antoine-Loeff qui gère ce projet. Il a préparé un moule en silicone, sur lequel est gravé la musique. Il va mettre l’eau du glacier dans le moule et le congeler. La méthode de congélation est apparemment complexe mais, au final, le son est assez bluffant. Ça ne dure pas longtemps. Les sillons sont tellement fins qu’ils fondent très vite à température ambiante. »
L’année internationale de la préservation des glaciers, initiée par l’UNESCO, touche à sa fin. Pensez-vous qu’on a assez parlé de cette question ?
Aurélien Burion : « On en a beaucoup parlé, mais que dans des milieux d’initiés : les milieux scientifiques, les milieux liés à la préservation de la montagne… L’information a évidemment très bien circulé dans ces niches-là mais pas dans les grands médias. Je n’ai pas eu l’impression que les acteurs de la préservation des glaciers ont eu la parole. C’est dommage, parce qu’on arrive en fin d’année. Ce projet arrive au bon moment pour éveiller les consciences. Certes, l’année internationale de la préservation des glaciers est bientôt terminée mais on est entré dans la décennie de la préservation de la cryosphère. Il reste encore 10 ans pour faire entendre la voix des glaciers. »
On s’était parlé en 2023. Qu’avez-vous fait depuis pour les glaciers ?
Aurélien Burion : « J’ai continué à m’intéresser aux glaciers. Je suis retourné au glacier de Zinal pour participer à un petit documentaire qui s’appelle Le monde du silence par Ghost in the loop. J’ai ensuite sorti un nouveau disque, Cryosphère, en partenariat avec le label Earth Percent. Je reverse 50 % des bénéfices des ventes à cette organisation qui finance des actions environnementales. J’ai continué d’enregistrer des glaciers. Récemment, je suis allé au Grand Méan avec Charles Rose, alias « Chasseur de son », pour la réalisation d’un autre documentaire, qui devrait sortir début 2026. Au final, Le chant de la glace a été une merveilleuse opportunité de faire découvrir ces environnements fascinants. Mon projet a apparemment parlé à beaucoup de monde. J’ai notamment été convié à m’exprimer au Pavillon Cryosphère, à Nice, pour faire découvrir au public mes enregistrements de glacier et ma musique. De beaux projets s’annoncent pour 2026. Je vais continuer dans ce sens… »
Photo de têtière : xiSerge (via Pixabay)
Pour aller plus loin...
Le site web de 1% pour les glaciers
Le site web de Ghost in the loop