Birrd : « Une goutte d’eau peut donner un son de caisse claire »

Il y avait déjà Fakear, Gogo Green ou Joakim… La nouvelle génération de producteurs de musiques électroniques passionnés par le vivant ou les enregistrements de terrain s’étoffe. Après une myriade d’EP, le Français Birrd publie un premier album, Takeoff, dont chaque titre est majoritairement constitué de sons glanés dans la nature, superposés les uns sur les autres, couche après couche, jusqu’à ce qu’ils forment une matière méconnaissable mais diablement dynamique. Birrd explique sa méthode…

Où pratiquez-vous le field recording ?

Birrd : « Le field recording, je le pratique un peu partout. Dans la nature, lors de mes voyages, ou dans les villes. Je me promène avec un set up très simple, un simple micro-enregistreur, et je vais capter des sons d’ambiance. Je me sers de ces enregistrements comme souvenirs. Au lieu de prendre des photos avec mon téléphone pour me rappeler mes aventures, je vais choisir d’enregistrer les sons. Ça me permet d’avoir une grande banque de sons dans mon ordinateur. Ils servent à nourrir ma musique. Au final, un titre n’est pas forcément associé à un lieu, je pioche dans tous mes souvenirs. »

Comment retravaillez-vous ces sons ?

Birrd : « Pour créer des morceaux, j’ai souvent besoin de me raconter des histoires dans ma tête. J’ai besoin de combiner des souvenirs. Les sons qui me rappellent des lieux où je suis passé servent souvent de base de départ. Je pars de la texture d’un son que j’ai enregistré et je construis autour. Comme je fais de la musique électro, le son est tellement retravaillé, torturé, qu’on le reconnaît assez rarement. Certains sons sont évidents. Par exemple, dans mon nouvel album, Takeoff, on entend clairement le chant des oiseaux au tout début. Mais, dans ce même morceau, une nappe de synthé vient du son de la pluie que j’ai harmonisé avec un égaliseur. Celui-là, on ne le reconnaît pas du tout. »

C’est l’art des métamorphoses…

Birrd : « Effectivement. Sur le morceau Final Stretch, par exemple, on part des sons de la forêt. Le rythme des percussions vient des pas sur les brindilles tombées au sol. Une goutte d’eau donne le son d’une caisse claire. »

Vous arrive-t-il de vous inspirer de phénomènes naturels plus vastes, comme les marées ?

Birrd : « Dans mon précédent EP, Alter Echo, tous les morceaux tournent autour de la thématique de l’eau. L’image que j’avais en tête pour composer cet EP, c’était une descente vers les profondeurs, de la surface aux abysses. Sur l’un des morceaux, Morgat, j’ai utilisé le son des vagues pour créer des mouvements de synthé. Je suis parti de l’amplitude sonore des vagues, de faible à fort puis à nouveau faible. »

Votre nom d’artiste, Birrd, vient de votre nom de famille mais il a probablement plus de sens que ça…

Birrd : « Mon nom de famille est effectivement « Vogel », ce qui, en allemand, veut dire « oiseau ». Mais je vois aussi Birrd comme une sorte d’oiseau migrateur. Il faut savoir que j’ai beaucoup voyagé, étant petit, parce que ma famille est un peu éclatée partout dans le monde. Mon papa est américain, ma maman italienne. Tout jeune, je me suis beaucoup baladé avec eux. Il m’a semblé que le mot « Birrd » résonnait avec mon identité, mon envie de voyager, de découvrir des choses, comme un oiseau migrateur… »

Dans quelle direction cet oiseau migrateur va partir ? Quelles sont vos prochaines étapes ?

Birrd : « L’oiseau vient justement de sortir un album qui s’appelle Takeoff. Il fait référence au décollage, puisque c’est mon premier véritable album. C’est vraiment le projet le plus sérieux de ma carrière artistique, pour l’instant. L’oiseau migrateur aimerait bien partir en tournée en 2026, on y travaille. La prochaine date-clé, c’est le 20 novembre à Paris, dans un club qui s’appelle le Badaboum. Ce sera le lancement officiel de l’album. »

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Birrd

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