En estonien, « Ilmateade » signifie « bulletin météo ». En choisissant ce mot comme titre de leur deuxième album, Ann-Lisett Rebane et Katariina Kivi, les deux chevilles ouvrières de Ruut, placent leurs nouvelles chansons sous le signe de la pluie, du vent et des nuages. En 12 chansons jouées sur un même kannel, le cithare balte, les deux compositrices guident l’auditeur dans le dédale des traditions estoniennes, où la nature n’est jamais très loin…
Pourquoi avoir choisi de consacrer un album entier aux changements de la météo ?
Duo Ruut : « Ce n’était pas vraiment une décision consciente, mais plutôt un processus naturel. Nous avions d’autres sujets, d’autres thèmes en tête lorsque nous avons commencé à écrire l’album, mais, en lisant la tracklist finale, nous avons réalisé que la plupart des chansons parlent de la météo, soit de manière directe, soit comme une métaphore pour d’autres sujets, plus émotifs et difficiles. Nous avons compris que c’est un sujet que les gens utilisent depuis toujours pour se lier les uns aux autres, notamment en lançant une conversation avant d’aborder des sujets plus profonds. La météo influence également fortement l’humeur, la vision de la vie ou les loisirs des gens. »
Vous n’avez pas encore 30 ans. Qu’est-ce qui vous intéresse dans les textes traditionnels anciens que vous mettez en musique ?
Duo Ruut : « En grandissant dans un pays libre à l’histoire complexe, nous avons compris l’importance de chanter dans notre propre langue et de partager notre propre héritage culturel. De plus, le récit de la vie et la chronique des sentiments de nos ancêtres nous apporte une profonde compréhension de l’expérience humaine. En Estonie, il y a une tendance récente qui consiste à populariser la musique traditionnelle auprès des jeunes, afin de créer une musique intégrant nos traditions et susceptible de plaire à un public plus large. »
Cet album est-il affecté par le changement climatique ?
Duo Ruut : « Des sujets comme le changement climatique ne sont pas une source d’inspiration directe pour notre musique mais, comme bien d’autres sujets, la question nous influence, et influence donc notre musique. Nous sommes profondément préoccupées par de nombreuses questions sociales et environnementales mais nous nous efforçons de faire en sorte que notre musique reflète notre identité, et pas seulement nos convictions. »
Photo de têtière : François Mauger