Rock : The Antlers entre horreur et beauté, indignation et compassion

« Bird smacks into the glass (Un oiseau percute la vitre) / Shaking heaving heavy gasps (Tremble, pousse de lourds halètements) / Settling down, she heaves her last (A terre, elle pousse son dernier soupir) / Fawn gets caught in my fence (Un faon se retrouve coincé dans ma clôture) / Tries to clear but slams against (Essaie de se dégager, mais se cogne à nouveau) / With every leap a bloodied mess (À chaque saut, un désastre sanglant) / Accidental damage (Dégâts accidentels) / Casually maimed (Distraitement mutilé) / Incidental carnage (Carnage fortuit) / Collateral pain (Douleur collatérale) »

Ce Carnage n’est pas l’œuvre d’une horde de punks ulcérés mais d’un chanteur qui murmure au-dessus des notes d’un clavier essoufflé. Son nouveau disque, Blight, est d’une douceur redoutable. Il le signe du nom de groupe « The Antlers », même s’il est désormais presque seul à bord.

Peter Silberman lance avec ce nouveau disque un appel à ralentir. Lui-même a quitté Brooklyn et sa bouillonnante scène indie-rock après des lésions vocales, des acouphènes et un burn-out. Il s’est installé en famille dans le nord de l’État de New York et y a construit un studio qu’il déserte régulièrement pour de longues promenades à travers la campagne. C’est de là que lui viennent ses meilleures idées, affirme en interview cet adepte de la méditation.

Outre Carnage, Blight compte 8 titres qui sont autant de contes de la dévastation généralisée, oscillant entre horreur et beauté, clarté acoustique et ombres électroniques, indignation et compassion. Chaque chanson fait varier les humeurs autant que les rythmes. Autant la musique peut sembler abstraite par moments, autant les thèmes se précisent. Sur Consider the Source, Peter Silberman pose un regard désabusé sur la société de consommation. Sur Deactivate, il décrit l’obsolescence numérique.

« Of this I’m uncertain / Will we be forgiven? / Should there come a great flood / To drown out our decisions? » (« De cela, je n’en suis pas sûr / Serons-nous pardonnés ? / Devrait-il y avoir un grand déluge / Pour étouffer nos décisions ? ») chante-t-il sur Flood. L’auditeur, lui aussi, se sent « uncertain »…

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de The Antlers

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