Qui est capable de sampler la foudre (sur Thunderbolt) ? D’utiliser une harpe gravitationnelle de neuf mètres de haut mue par les lois de l’attraction pour évoquer les cycles lunaires (sur Moon) ? De chanter la matière noire (Dark Matter) ou les acides animés (Hollow) ? Une chanteuse islandaise du nom de Björk, ancienne égérie de la musique électronique, aujourd’hui diva mondialement respectée, qui a gagné le droit de n’en faire qu’à sa tête.
Une tête bien faite, d’ailleurs, comme le prouve le projet Biophilia, dévoilé en 2011, d’abord sous la forme d’applications pour téléphone portable, puis de concerts et enfin d’un plus classique disque.
Ce concept-album est le résultat d’un long processus collectif, étayé par la consultation d’ouvrages scientifiques, mais aussi personnel (la chanteuse a principalement composé sur sa tablette tactile). Des vidéastes et des développeurs informatiques y ont participé, ainsi que des luthiers, chargés de réaliser les instruments inventés pour l’occasion.
Si l’ambition est folle, les chansons, à l’inverse, semblent presque minimalistes. L’auditeur prend place dans une douce farandole de carillons cristallins, s’immerge dans des harmonies vocales introspectives, à peine bousculée par la drum’n’bass de Cristalline.
L’ensemble des applications pour téléphone portable était intitulé Cosmogony, un titre qui décrit bien les desseins sidéraux et transversaux de la chanteuse.
Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger