Au Québec, Flore Laurentienne donne une voix au fleuve Saint-Laurent

Au commencement était un livre. Flore laurentienne a d’abord été un manuel de botanique dressant l’inventaire floristique de la vallée du Saint-Laurent, au Québec. Publié en 1935, il est l’œuvre d’un religieux, Frère Marie-Victorin, également professeur d’université et fondateur du Jardin botanique de Montréal. « Le livre du frère Marie-Victorin est célèbre ici parce que c’est le premier ouvrage scientifique qui porte sur la flore présente sur notre territoire avant la présence de l’homme » explique le compositeur Mathieu David Gagnon.

« Mon projet porte [lui aussi] le nom « Flore Laurentienne » pour deux raisons » continue le musicien québécois. « La première veut que mon inspiration soit directement tirée de la nature québécoise. La deuxième raison est un peu dans la première : j’essaie de créer un projet où je m’efface derrière la musique. Mon image de compositeur ou de « leader » de projet est secondaire. »

Après un premier volume paru fin 2019, Mathieu David Gagnon publie cet automne le deuxième disque intitulé Flore laurentienne. Tout y semble liquide, flottant. Formé à l’Université de Montréal puis aux conservatoires d’Aubervilliers et de Bordeaux, le musicien mêle avec le plus grand naturel clarinettes, cordes et synthétiseurs Moog de la première génération. Tout se fond dans l’imitation de la puissance du courant, de l’allant du vent ou du clapotis des vagues. Par moments, la musique – art d’ordinaire absolument abstrait – paraît renouer avec la figuration.

« Les multitudes de formes et de mouvements de l’eau ont guidé la création de ce deuxième disque. Il est évident que cela a un lien avec le fleuve Saint-Laurent. Sa présence et sa personnalité sont une inspiration infinie pour moi » confesse l’artiste né en Gaspésie, une bande de terre coincée entre le fleuve et le golfe du Saint-Laurent.

Le succès de ses disques instrumentaux (il est par ailleurs un arrangeur courtisé et le frère de l’influente Klô Pelgag) atteste que les Québécois reconnaissent l’accent avec lequel il fait parler leur fleuve et la nature qui les entoure.

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
La page Bandcamp de Flore laurentienne

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