« Amasia », un livre-disque pour « rendre hommage à une nature toujours résiliente »

Imaginez… Quelque chose est arrivé. Les humains ont tous migré vers le sud, laissant la nature se réapproprier les mégapoles qu’ils ont désertées. Des explorateurs reviennent survoler ces terres rendues aux végétaux et aux animaux. Leur voyage se fait en musique et en dessins, puisque ce projet, Amasia, est né de la collaboration d’un trio de post-rock nantais, Fragments, et d’un dessinateur, Flobath. Une batterie, une guitare et des synthétiseurs propulsent le vaisseau qui survole sans qu’un mot ne soit prononcé des paysages inaccessibles. Comme un seul homme, le groupe explique son concept…

Amasia est un disque-livre richement illustré. Dans quel ordre sont venus les idées ? Est-ce d’abord le dessinateur qui a esquissé des paysages ?

Fragments : « Quand Flobath est arrivé dans le processus, le disque était déjà composé, et dans la phase finale d’enregistrement. Il s’est beaucoup inspiré de chacun des 11 titres pour créer les paysages d’Amasia et approfondir la narration, déterminer les couleurs, questionner le sens qu’on voulait développer. C’est devenu un véritable projet collaboratif entre Fragments et Flobath et non plus juste une commande du groupe ».

Votre livre-disque parle d’une rupture écologique apparue dans un futur proche. Est-ce quelque chose que vous redoutez ?

Fragments : « Personne en ce moment ne souhaite vivre la sixième extinction de masse dont on est toutes et tous témoins. Ce sont forcément des sujets qui nous préoccupent. A travers la musique et l’illustration, ce projet était l’occasion de rendre hommage à une nature toujours résiliente. »

En quoi votre projet se démarque-t-il de l’imaginaire post-apocalyptique de la science-fiction classique ?

Fragments : « En toute humilité, l’intention était d’essayer de proposer un imaginaire très coloré, en très peu de couleurs comme la sérigraphie, mettant la nature au centre. Amasia donne à voir ce que serait la terre après un effondrement qui n’est volontairement pas détaillé, et suite à une ellipse temporelle, là aussi non déterminée. Ce que l’on découvre est finalement une nature que l’on connaît déjà, une nature primaire qui se développe, se déploie, s’accroche partout. Ni les bâtiments, ni les usines, ni les ponts ne sont une barrière pour elle. On n’a pas réellement inventé un monde nouveau, tout ce qu’on a représenté existe déjà quelque part. »

Les morceaux de ce nouvel album s’appellent Toundra, Taïga, Méandres… Quelles images aviez-vous en tête en les enregistrant ?

Fragments : « Lorsqu’on enregistrait, on avait des titres encore provisoires mais pas mal d’images en tête. On avait fait un synopsis du concept du livre et on alimentait un dossier partagé de photos et d’illustrations. On avait parfois des mots clefs ou des couleurs, que Flobath a su traduire avec talent dans les versions définitives. Flobath étant à l’origine géographe, les titres associés à la géologie, la géomorphologie, les modelés périglaciaires lui ont tout de suite parlé et il a très vite mis des images et des scènes sur ces titres. »

Comment ce projet va-t-il se transformer pour monter sur scène ?

Fragments : « Amasia n’avait pas forcément vocation à être jouer en concert, c’était d’abord un projet de studio. Mais, en présentant le projet lors d’expositions, on nous a reposé la question et ça a créé l’envie de proposer une performance dessinée, de jouer en live les thèmes du disque et de dessiner l’univers d’Amasia en direct. C’est une aventure humaine et tous les alibis sont bons pour passer du temps ensemble, on espère que ça prolongera l’expérience du livre, peut être que ça débouchera sur un deuxième opus, qui sait ? »

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de présentation du livre-disque
La page Bandcamp de Fragments

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