Portrait : Boris Jollivet, audio-naturaliste

« Je suis actuellement en tournage sur le lynx dans le Jura. Journée de pause. J’en profite pour vous répondre ». Boris Jollivet est ainsi : toujours par monts et par vaux, un casque audio sur la tête et des micros sous le bras. Il exerce le métier de preneur de sons depuis trois décennies et s’est très vite spécialisé dans l’audio-naturalisme : la captation des bruissements de la nature.

Photo : Cyril Porcher

Le lynx, donc, mais aussi l’araignée, le grillon, le castor ou la tortue, pour ne rien dire des forêts du Haut-Jura ou de la brousse du nord du Cameroun… Boris Jollivet enregistre tout ce qui lui passe à portée d’oreilles pour des films (L’oiseau papillon de Frank Neveu, La vallée des loups de Jean-Michel Bertrand…), des spectacles sonores, qu’il appelle « Cinéma pour l’oreille », ou des projets discographiques. Ses Chants de glace, publiés sous la forme d’un CD en 2012, ont été primés par France Culture, Radio France et le CIMES (Concours International du Meilleur Enregistrement Sonore). Ces enregistrements saisissants des craquements des lacs gelés, si proches par moment de compositions de musique électronique, ont ensuite donné naissance à un film, produit et tourné en famille au bord d’un lac jurassien, un jour où le thermomètre était descendu au-dessous de – 20 degrés.


Le questionnaire de 4’33

Quel son vous rappelle votre enfance ?

Boris Jollivet : Les moineaux domestiques dans la cour de ma maison familiale. Je me souviens très bien : je les écoutais les après-midis d’été quand, petit, je devais faire la sieste. J’adorais cela, ça devait me bercer et c’est mon premier souvenir des sons de la nature…

Quel est votre son favori aujourd’hui ?

Boris Jollivet : Je suis fasciné par les sons des lacs gelés, c’est tellement beau et inimaginable d’entendre une telle texture sonore et musicale produite par une masse que l’on pense figée, silencieuse. Cela fait maintenant 20 ans que je travaille sur ce sujet, quand les conditions le permettent…

Quel bruit vous horripile ?

Boris Jollivet : Les avions, qui sont un fléau pour mon métier, car ils sont de plus en plus nombreux (excepté en cette période de Covid). Ce bruit de fond est par endroit permanent. C’est une pollution sonore que l’on retrouve à peu prêt partout, y compris dans des espaces naturels malheureusement…

Quelle mélodie vous vient en tête lorsque vous vous promenez dans la nature ?

Boris Jollivet : C’est impossible pour moi d’avoir une mélodie en tête lorsque je suis dans la nature, je suis tellement concentré sur les moindres sons, les moindres bruissement, je suis en quête « de mélodie ». Je pratique ce métier depuis presque 30 ans et mes oreilles, mon cerveau sont « formatés » pour une écoute attentive…

Si l’une de vos connaissances s’intéressait soudain au rapport entre musique et nature, que lui conseilleriez-vous d’écouter ou de lire en premier ?

Boris Jollivet : De lire : Symphonie animale d’Antonio Fischetti. D’écouter : Chants de glace de Boris Jollivet !

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