Rock : Placebo, du romantisme noir à l’éco-anxiété

Placebo, un groupe engagé ? Personne ne l’aurait imaginé… Jusqu’à présent le nom du groupe anglais – adulé en France au début des années 2000, à l’époque des albums Without You I’m Nothing ou Sleeping with ghosts – était plutôt associé à un romantisme noir. Ses guitares cinglantes éclairaient d’une lumière crépusculaire des textes centrés sur des relations interpersonnelles souvent conflictuelles, frisant parfois le nombrilisme.

Surprise ! Après avoir célébré ses 20 ans de carrière avec une compilation, des rééditions vinyles et une tournée mondiale, le groupe revient en 2022 avec un disque né des inquiétudes du chanteur, Brian Molko, face à la catastrophe écologique en cours.

Intitulé Never Let Me Go, l’album a été conçu à l’envers : d’abord est venue la pochette, puis les titres des morceaux, avant même que les chansons ne soient finalisées. Et le visuel qui a servi de point de départ est frappant : il montre, à travers ce qui semble être les imperfections d’une caméra vidéo de mauvaise qualité, un monde froid et désolé où tout est placé sous le signe du délabrement, de l’affaissement, du bannissement.

En réalité, si toutes les chansons reflètent la dureté du monde dans lequel nous vivons, toutes ne traitent pas directement d’écologie. Try Better Next Time est le titre le plus emblématique de la prise de conscience du chanteur : convoquant tous les animaux, il alterne dans le refrain « Try better next time » (« essaie de faire mieux la prochaine fois ») et « Cry better next time » (« pleure mieux la prochaine fois »). When Missing évoque l’envie de s’évader de la société moderne, Fix Yourself le poids des médias de masse sur l’imaginaire collectif et Happy Birthday In The Sky la perte et le chagrin, ramenant à des thématiques plus habituelles chez Placebo.

Cette ouverture vers l’extérieur les aurait-elle particulièrement inspirés ? Toujours est-il que ce Never let me go est, pour bien des observateurs, le meilleur album des musiciens depuis plus de 15 ans…

Photo de têtière : François Mauger

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