L’apocalypse est à la mode. Deux chanteurs français ont récemment choisi ce mot comme titre de leur nouvel album : d’abord Gazo, fin 2024, un rappeur abonné aux disques de platine, ensuite Damien Saez, l’auteur de Jeune et con, en mars dernier. Juste avant eux, la jeune Luce célébrait déjà l’apocalypse dans un titre éponyme particulièrement décoiffant.
R.E.M. chantait déjà en 1987 « It’s the end of the world as we know it and I feel fine » mais les références à la fin du monde se multiplient aujourd’hui. Dernière en date : La fin du monde de Sam Sauvage. Le jeune chanteur des environs de Boulogne-sur-Mer l’évoque sur fonds de synthétiseurs enjoués, lâchant l’air de rien « Le monde s’écroule sous nos pieds / Ça nous empêche pas de danser ».
L’évocation de la fin du monde n’est en effet pas son acceptation. Le duo de compositeurs de musique électronique Felsmann + Tiley l’assure. Les deux hommes, originaires de Stuttgart, se préparent à sortir un nouvel album, Protomensch, début 2026. Son titre renvoie à l’évolution de l’humanité (« Mensch » signifie « homme » en allemand), qui, pour eux est loin d’être finie : l’humain, ce « génie idiot, pris entre innovation et destruction du monde, empathie et haine génocidaire, le tout enveloppé d’une belle couche d’amour et d’absurdité » ne peut être à leurs yeux qu’une « version préliminaire de ce qui nous attend ».
Protomensch est annoncé par un premier single, Warnung, un titre angoissant, illustré dans la vidéo par des images d’ouragan, d’inondations ou d’émeutes. Pour autant, lorsqu’on leur demande s’ils croient à la fin du monde, ils répondent « Non ». « Nous allons probablement continuer à nous nuire, à nuire à la planète et à anéantir d’autres espèces » prédisent-ils, avant d’ajouter « Nous sommes résilients et innovants, nous pouvons vivre dans les caniveaux et les fissures comme des cafards, s’il le faut. Nous survivrons. Nous prospérerons ». Les deux producteurs allemands voient l’humanité à un carrefour : « Nous pourrions pirater la biologie et devenir immortels, à moins que nous n’appuyions accidentellement sur la touche « Supprimer », éradiquant l’humanité par une guerre nucléaire. C’est une probabilité non nulle et les gens ne s’inquiètent probablement pas autant qu’ils ne le devraient. Il suffit de deux chimpanzés enragés, en costumes, se disputant des bananes, pour que cela se produise. Protomensch s’inspire du caractère dramatique de ces possibilités diamétralement opposées. »
Pour la grande majorité des musiciens, la fin du monde semble donc être dans l’air du temps pour encore longtemps…