Quel avenir pour l’Amazonie ? Une étude de la revue anglaise Nature Climate Change, parue le 7 mars, prévient qu’elle approche d’un « point de bascule ». Si sa dégradation continue, la plus grande forêt tropicale du monde pourrait devenir une simple savane. Les trois chercheurs (Chris A. Boulton, Timothy M. Lenton et Niklas Boers) désignent comme principal coupable le réchauffement climatique mais éleveurs et mineurs portent aussi leur part de responsabilité.
C’est aux derniers que Jair Bolsonaro tente actuellement de faire un cadeau. Alors qu’il approche du terme de son premier mandat, le président brésilien essaie de faire passer une série de lois qui leur seraient particulièrement favorables. Ils auraient notamment le droit d’aller chercher du potassium dans les territoires autochtones situés en Amazonie. Sur fond de guerre en Ukraine, ce texte législatif pourrait bénéficier d’un traitement accéléré et être directement débattu en séance plénière, sans passer par les habituelles commissions.
Le chanteur tropicaliste Caetano Veloso mène la fronde. Bientôt octogénaire, il a organisé le mercredi 9 mars une manifestation devant le parlement, à Brasilia. Après avoir remis une lettre en mains propres au Président du Sénat Fédéral, il est monté sur scène pour galvaniser la foule. D’autres artistes populaires étaient à ses côtés : Daniela Mercury, Emicida, Seu Jorge…
Un titre de Meu Coco, le nouvel album de Caetano Veloso, montre que l’opposant à la dictature des années 60 n’a rien perdu de sa détermination. La chanson s’intitule Nao Vou Deixar, ce qui se traduit par « Je ne laisserai pas faire » et s’adresse sans le nommer à Jair Bolsonaro. Caetano s’y décrit en grand-père (« vovô ») mais en grand-père « nerveux, têtu, malin » et revient sur l’histoire de son pays – « C’est beaucoup d’amour, c’est beaucoup de lutte, c’est beaucoup de joie, c’est beaucoup de douleur, c’est beaucoup de gloire » – avant d’asséner : « Je ne le laisserai pas, je ne le laisserai pas, je ne le laisserai pas faire parce que je sais chanter ». Pourvu qu’il chante encore longtemps…
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin... L'article de la revue Nature Climate Change