Antoine Freychet : disparition prématurée d’un éco-musicologue

« C’était un jeune homme formidable, plutôt discret, à la fois très actif et très modeste » détaille le musicologue Makis Solomos lorsqu’il évoque son jeune confrère Antoine Freychet, disparu fin août, avant d’avoir trente ans. « La plupart des gens ignorait le nombre d’activités qu’il menait de front, tout ce dont il était responsable. »

Saxophoniste, Antoine Freychet avait étudié la musicologie à l’université catholique de l’Ouest (Angers), avant de s’inscrire à l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis). Il y a soutenu un premier mémoire sur l’analyse de la musique électroacoustique et l’écologie sonore, puis un autre intitulé « La dimension éthico-politique de l’écologie sonore ». Après un séjour au Mexique, il s’est inscrit en philosophie, où il a soutenu un mémoire sur l’écoute musicale.

Antoine Freychet a participé pendant plusieurs années à l’élaboration du séminaire « Arts, écologies, transitions » avec un collectif composé d’enseignants-chercheurs et de doctorants. Il a effectué un séjour de recherche au Chili et en Argentine, participant au projet sur le field recording de l’Universidad Nacional del Litoral (Argentine), dont sont issues deux publications qu’il a codirigées. Il a également collaboré à la naissance d’un centre d’art dédié à l’écologie à Kerminy, en Bretagne. Il coorganisait en effet régulièrement des promenades sonores avec des groupes d’enfants, en parallèle de ses réflexions et de ses concerts avec le groupe Bilboquet.

Avec le groupe Bilboquet, sur la droite

Membre du comité de rédaction de la revue Filigrane, Antoine venait juste d’achever sa thèse de doctorat, dont la soutenance devait avoir lieu le 3 décembre prochain. Son titre est « Démarches artistiques et préoccupations écologiques : l’écoute dans l’écologie sonore ».

« A ma connaissance, sa thèse sur l’écologie sonore aurait été la première à être soutenue en France » explique Makis Solomos. « Il y a des chapitres sur le field recording, sur les promenades sonores, sur les soundscape compositions… Nous allons d’ailleurs publier cette thèse sous la forme d’un livre. D’autres personnes commencent à s’intéresser à ce domaine, entre musique et art sonore, comme Pauline Nadrigny, qui aurait dû faire partie du jury de la thèse. Une nouvelle génération est en train d’arriver. Pour elle, le travail d’Antoine ouvre des voies : sa thèse, notamment, est centrée sur l’écoute, alors que la musicologie est traditionnellement centrée sur la partition ou sur les processus compositionnels. Elle sera lue… »

Image de têtière : François Mauger

Commentaires

  1. Gilles Malatray a écrit :

    Triste ! J’ai souvenir de beaux échanges autour de sujets que nous partagions et d’une incroyable balade sonore dans les sous-sols de la BU Paris 8… RIP Antoine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *