Bottlesmoker, les DJs indonésiens qui jouent pour les plantes

Décidément, le confinement a partout été un temps d’expérimentation sans précédent. Reclus chez eux en mars 2020, Anggung Suherman (alias Angkuy) et Ryan Nobie Adzani, les deux membres du groupe indonésien Bottlesmoker, ont eu l’idée de donner des concerts pour des plantes.

Une amie vient déposer sa plante…

L’idée n’est pas tombée du ciel. Le duo venait de publier Puraka, un album inspiré par les rapports entre l’humain et la nature, et était encore plongé dans des livres sur la question. Donner des concerts pour les plantes de leurs amis les a obligés à aller plus loin. « Les parents des plantes sont des gens possessifs, vous savez », s’amuse Angkuy, qui écrit depuis Bandung, la grande ville de l’ouest de Java. « Ils aiment vraiment leurs plantes. Nous devions donc nous assurer que notre musique était réellement adaptée. Nous avons dû chercher quel type de musique convient aux plantes ».

Résultat ? « Les plantes aiment des fréquences aiguës, autour de 5000hz. Elles détestent les basses fréquences continues, elles détestent le bruit. Mais elles aiment les mélodies répétitives, qui peuvent doper leur croissance » explique Angkuy.

La salle de concert…

Ces informations, les deux producteurs de musique électronique les ont glanées dans des revues scientifiques (« Il y a tant de revues et de livres qui parlent de la musique pour les plantes ! » s’enthousiasme Angkuy). Ils se sont également inspirés des traditions de leur pays, notamment du tarawangsa, un rituel de Java dont l’accompagnement musical est, selon Angkuy, « une forme d’art étonnamment pure et minimale ». « Vous savez, le Tarawangsa était il y a longtemps dédié à la culture du riz » précise-t-il. « Le riz, dans l’ouest de Java, était en effet associé à une déesse de la fertilité. Nous lui accordions des traitements spéciaux : nous lui jouions de la musique, notamment du Tarawangsa, et lui faisions des offrandes. Le Tarawangsa a donc bien sa place dans ce projet. » Bottlesmoker s’est également intéressé au karinding, « un instrument de musique traditionnelle soundanaise, proche de la guimbarde, généralement fabriqué à partir de bambou et de nervures de palmiers. Initialement, le karinding était utilisé par nos ancêtres pour repousser les parasites dans les rizières ».

Le duo à l’œuvre…

L’écho de ces anciennes pratiques musicales entre dans le « grand mix » de Bottlesmoker, qui avoue également avoir été profondément influencé par un disque de Mort Garson publié à quelques exemplaires en 1976 mais aujourd’hui très recherché : Mother Earth’s Plantasia. L’album qu’ils ont tiré de cette expérience puis publié cet été s’appelle d’ailleurs Konser Plantasia. Le duo conseille à l’auditeur de le diffuser aux plantes « avant 9h ou après 15h ». Pour les humains, en revanche, il n’y aucune contre-indication, ils peuvent écouter toute la journée cette musique à la fois inventive et apaisante.

Photos fournies par Bottlesmoker
Pour aller plus loin...
Ecouter l'album sur Spotify ou Deezer

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