Gogo Green : « Nous prônons une écologie joyeuse et désirable à travers la fête »

L’été dernier, le collectif de DJs Gogo Green s’est offert une nouvelle tournée de neuf jours à vélo, d’Arcachon à Saint-Sébastien. Cet hiver, il publie Music for plants vol. 1, une compilation dont tous les morceaux sont réglés sur 432hz, une fréquence qui aurait le pouvoir de nous connecter à la nature et aux éléments, mais également de stimuler les plantes. Camille Doe, cofondatrice du collectif, présente les projets qu’elle mène avec Lefblom, Ams et tous leurs amis…

Quelle est la philosophie du collectif ?

Camille Doe : « Le projet Gogo Green est avant tout une traduction de notre sensibilité et de notre amour respectif pour la nature. Nous avons chacun des histoires personnelles en lien avec notre environnement qui ont contribué à faire de nous qui nous sommes aujourd’hui. Nous essayons de partager cet enchantement à travers la musique et en organisant des évènements atypiques. Nous pensons également que l’art et la culture sont des moyens efficaces d’écrire et de raconter de nouveaux récits. Notre récit et notre rôle au sein de Gogo Green sont surtout axés sur comment réintégrer le vivant dans les cités et transformer notre relation avec ce dernier. »

Quel lien existe-t-il entre la tournée à vélo « J’irai Mixer chez vous » de l’été dernier et votre nouvelle compilation ?

Camille Doe : « La tournée à vélo nous permet de couper avec le stress du quotidien, réactiver tous nos sens et nous reconnecter au vivant qui est en nous et hors de nous. La plupart des participants ont trouvé des choses qu’ils n’étaient pas forcément venus chercher, notamment des émotions et des relations que nous pouvons tisser avec le monde vivant. Nous avons également constaté que dans la joie et les célébrations, les gens sont plus enclins à agir, élever leur pensée et mieux connaître le monde qu’ils souhaitent défendre. On a décidé d’appliquer tout cela à l’artistique en réfléchissant à des projets qui permettraient d’unifier le monde végétal, musical et humain. Nous avons donc composé cette compilation mais nous avons déjà de nouvelles idées, telles qu’une compilation 100% à base de field recording de bruits naturels enregistrés durant notre prochaine tournée. »

Pourquoi avoir choisi de régler les 4 morceaux de la compilation sur une fréquence de 432 hertz ?

Camille Doe : « La compilations 432Hz est née de l’envie de faire connaître ce principe de point de résonance qui nous a semblé extraordinaire. En faisant découvrir ce concept d’accordage naturel dont les effets se feraient sentir sur les être vivants mais aussi la conscience, on voulait montrer qu’on est une forme de vie faite d’autres formes de vie, parmi d’autres formes de vie, et que notre existence dépend de la leur. Cette coexistence est merveilleuse en soi, et avec cette compilation on espère toucher de nouvelles personnes pour que cela devienne peut-être ainsi pour eux, un vecteur de luttes concrètes. »

Avez-vous fait l’expérience de jouer cette musique aux plantes, comme, par exemple, les Indonésiens de Bottlesmoker ?

Camille Doe : « Oui nous avons joué notre compilation à nos plantes, elles ont l’air d’apprécier. Cependant, nous pensons qu’elles ont une préférence pour la musique classique de Verdi ou encore Plantasia de Mort Garson qui nous a inspirés pour cette compilation. »

Vous faites également la promotion d’une série de bouteilles de vin. D’où viennent-elles ?

Camille Doe : « On a l’habitude des accords gastronomiques mets et vins. On s’est dit pour la sortie de cette compilation qu’un accord musique et vin pourrait être tout aussi intéressant. On s’est donc associé à un ami caviste qui connaît bien les valeurs de Gogo Green. Il nous a mis en relation avec Vincent, du Clos Vagabond, situé à la Palme, dans le Sud. Vincent est un vigneron engagé, passionné et très respectueux des sols, qui travaille en biodynamie, c’est à dire en fonction des cycles lunaires. Il n’ajoute aucun intrant à ses vins et laisse simplement la nature faire son travail. Ses vins sont aussi originaux que fragiles mais c’est là que réside toute la beauté de son travail et de ses produits. Nous sommes par ailleurs allés mettre le vin en bouteille en octobre, une superbe expérience, d’autant plus que le vin évolue avec le temps, il est vivant. »

Vélo, musiques électroniques festives et vin naturel, est-ce votre définition d’une transition écologique qui roule dans la bonne direction ?

Camille Doe : « Chez Gogo Green, nous pensons que prôner une écologie joyeuse et désirable à travers la fête est ce qui nous permettra de nous mobiliser contre la destruction du vivant et de mener à bien nos luttes. Ralentir, prendre à nouveau le temps, se reconnecter à soi et aux autres, s’amuser, profiter des plaisirs simples de la vie tout en respectant l’environnement, et nous souvenir que nous ne sommes pas les pièces d’un rouage productif complexe et encore moins des machines à consommer. Nous prônons également le vélo comme symbole anti-capitaliste suprême, un outil mécanique qui ne nécessite aucune dépendance aux énergies fossiles et qui est même bon pour la santé… Faire la fête est pour nous tout aussi politique puisqu’il s’agit d’un moment hors-du-temps au cours duquel on ne travaille pas et on ne remplit pas ses fonctions productivistes. La transition écologique telle que nous la concevons se fera dans la joie et la solidarité, mais surtout dans l’engagement collectif et le bonheur d’être vivant. »

Photo de têtière : François Mauger
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