Slowfest, son festival à vélo et son engagement pour les mobilités douces

Toutes et tous en selle ! L’association Slowfest, qui expérimente depuis 8 ans diverses façons de décarboner la culture, annonce le lancement des Furtives, un festival itinérant à vélo. Au-delà de ces coups de pédale estivaux, le collectif mène une réflexion plus large sur la question de la mobilité, qui l’a amenée à cofonder Armodo, un réseau d’artistes adeptes de moyens de transports peu polluants. Entretien avec la coordinatrice de Slowfest…

Combien serez-vous à sillonner la Charente et la Charente-Maritime à vélo, du 23 août au 2 septembre ?

Virginie Seguinaud : « D’ordinaire, nous sommes une équipe technique et artistique de 20 personnes mais, avec les bénévoles, nous serons une soixantaine sur la route. On part de La Rochelle pour arriver à Angoulême. On suit l’itinéraire de la Vélodyssée et de la Flow Vélo. On passe donc par Fouras, Rochefort, Saintes et Cognac. »

Pourquoi avoir choisi de placer cet événement en fin d’été ?

Virginie Seguinaud : « Comme on circule sur des pistes cyclables, on souhaitait pouvoir pédaler à un moment où le tourisme n’est plus à son apogée. Par ailleurs, on a monté ce festival en partenariat avec les salles de concert qui sont sur notre itinéraire : la Sirène à La Rochelle, le Clos Lapérouse à Rochefort, les Abattoirs à Cognac et la Nef à Angoulême. Ces salles sont fermées durant l’été. Le personnel revient à la fin du mois d’août. Il était question d’organiser ce festival en septembre, au moment où le personnel des salles était le plus disponible, mais, nous, on trouvait intéressant de pouvoir toucher le public des vacanciers, et notamment les cyclotouristes. »

Quelles solutions concrètes avez-vous imaginées pour réaliser cette tournée ?

Virginie Seguinaud : « Notre collectif existe depuis 2015. Notre postulat de départ était de passer du statut d’artistes et de techniciens engagés à celui d’artistes et de techniciens en action. Depuis 2015, on mène différentes expérimentations autour des postes d’émission carbone du spectacle vivant. Le premier est la mobilité. Faire un festival basé sur la mobilité douce est un vrai choix, un vrai engagement. Comme les étapes sont à quelques kilomètres les unes des autres, ça permet au public d’expérimenter à son tour la mobilité douce, de peu se déplacer pour nous rejoindre. On encourage le public à nous rejoindre en transports en commun ou à vélo. On travaille également sur les dépenses énergétiques liées à la sonorisation des concerts. Depuis 2015, on a prototypé des sonos solaires vélotractées, sur des remorques, avec un panneau solaire qui capte l’énergie et la stocke dans une batterie qui nous permet d’alimenter les concerts en énergie. »

Dans la programmation, outre Le Chapus, on note la participation du Slowfest Orchestra…

Virginie Seguinaud : « Oui, c’est l’orchestre résident de notre collectif. Il est venu d’une envie de mettre en pratique l’idée de low tech. L’orchestre s’inspire des groupes du Congo, comme Staff Benda Bilili, qui fabriquent leurs instruments de musique. Notre orchestre joue de la transe électro en réduisant l’usage de l’électronique, avec des instruments façonnés à la manière de la lutherie sauvage. Une cigar box sert de guitare. Un instrument fabriqué avec des tubes de plexiglas, sur lesquels on tape avec des tongs, produit les basses. »

Il voyage avec vous en vélo ?

Virginie Seguinaud : « Exactement. On a été invité à Radio Nova cet hiver. Les artistes sont partis avec une version pour le train de cet instrument. Je pense que c’est cette petite version qu’on va emmener pendant notre festival. »

Slowfest participe à la création du label « Bâbord » en Nouvelle-Aquitaine. Avez-vous l’impression qu’autour de vous, le secteur culturel prend en compte de façon plus sérieuse la question écologique ?

Virginie Seguinaud : « Le secteur culturel, c’est vaste… Il est vrai que, dans les musiques actuelles, en Nouvelle-Aquitaine, le label « Bâbord » mobilise énormément de personnes, souvent très différentes. On trouve ça hyper-intelligent d’imaginer qu’on puisse acheter une place pour un concert comme on achète un panier de légumes d’une association bio et locale. Des concerts éthiques, qui répondent à des normes environnementales et sociales, c’est possible. Cette initiative est hyper porteuse d’espoir et, en même temps, très concrète : on ne fait pas des études, des bilans, des plans pour les 5 ou 10 prochaines années, tout commence maintenant. Dans le secteur de la culture, nous, on a un biais un peu particulier, parce qu’on pratique les arts en mobilité douce. On a cofondé Armodo, un réseau qui regroupe une soixantaine de compagnies en France, en Belgique et en Suisse qui ont une pratique artistique en mobilité douce. On parle de vélo, bien sûr, mais on parle aussi d’artistes qui se déplacent à pied, en bateau à voile, à roulotte… En fait, il y a toutes sortes d’expérimentation. On se rend compte que c’est très riche. Il y a une énorme diversité, les parcours sont toujours très expérimentaux. On a eu le plaisir, lors des dernières rencontres Amodo, qui se sont déroulées à Bordeaux, d’organiser un « Forum des arts en mobilité douce » et d’inviter quelques institutionnels. Ils ont discuté avec les personnes d’Armodo, qui ont partagé avec eux leurs expériences et leur ont fait part de leurs besoins. Donc, oui, quand on regarde ces deux collectifs, ces deux engagements, on a le sentiment que des acteurs culturels font le maximum pour saisir les enjeux écologiques. Après, il y a un autre débat, à propos des festivals de très grande échelle. Il y en a qui commencent vraiment à se remettre en question. Il faut saluer le Sunska Festival, qui a vraiment baissé sa jauge. A mon avis, c’est fondamental. »

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Slowfest
L'appel au financement participatif pour le festival Les Furtives
La page Facebook du réseau Armodo

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