Joube, l’homme qui joue d’un vélo-instrument

Vêtu d’une casquette de cycliste et d’un blouson bariolé, Joube (de son vrai nom Romain Joubert) arpente les routes de France et de Belgique sur une drôle de machine. Au premier abord, elle ressemble à un vélo ordinaire mais l’énorme micro qui dépasse des sacoches laisse présager d’autres fonctions. Le musicien lyonnais détaille son invention…

Vous avez d’abord été bassiste, puis contrebassiste… A quel moment de votre parcours de musicien vous êtes-vous dit que votre prochain instrument serait un vélo ?

Joube : « J’étais effectivement bassiste et contrebassiste. En parallèle, je suis toujours allé chercher des sons pour produire des musiques. J’ai beaucoup expérimenté auprès de danseurs contemporains une musique live qui mêle des sons enregistrés et mon instrument. A un moment, alors que je travaillais avec plein d’artistes, j’ai voulu créer un projet personnel. L’idée première était de répondre à une angoisse par rapport à l’empreinte carbone que nous générons, qui a un impact sur l’environnement. C’est là que le vélo est intervenu. J’ai d’abord pensé à une carriole qui pourrait transporter ma contrebasse. L’idée est devenue : pourquoi ne pas faire de l’outil de mobilité l’instrument de musique ? Mon vélo a donc cette double casquette : mobilité et musique. »

Concrètement, comment transforme-t-on un vélo en instrument de musique ?

Joube : « Ça se fait étape par étape. Au début, j’ai placé des micros-contacts sur le vélo et je récupérais des sonorités en actionnant le pédalier ou en jouant des percussions sur le cadre. C’étaient les premières idées. Petit à petit, j’ai fait avancer le projet en demandant à ma communauté proche des fonds, via un financement participatif. Ça m’a permis de finaliser le vélo que j’ai en ce moment. J’y ai placé une corde de basse avec un ami serrurier-métallier et un ami luthier. J’ai rajouté des boutons, potards, faders et autres éléments qui me permettent d’agir sur la musique. Il y a donc une partie acoustique et une partie musique assistée par ordinateur. Tous ces petits détails me permettent de jouer de la musique de façon très très live. »

Le vélo monte sur scène avec vous ?

Joube : « Oui, ce vélo est un peu comme une guitare électrique qu’on viendrait brancher sur les enceintes. Je me déplace en train. Je finis le parcours en vélo jusqu’à la scène. Tout le matériel que j’utilise est dans mes sacoches. Je le déballe sur scène et je mets à jouer. »

La musique que vous jouez avec ce vélo est principalement électro, dansante et festive…

Joube : « En fait, c’est un projet qui est à la lisière entre le documentaire sonore, la fête et le cyclisme. Ce n’est pas pleinement du documentaire sonore parce que je déploie de vraies musiques. Ce n’est pas non plus que de la musique, parce que je me permets de faire entendre des gens que j’ai rencontrés sur mon trajet, des gens qui ont nourri ma création. S’il faut tout résumer en un mot, c’est effectivement une musique « électro ». Mais c’est un mot très large qui recouvre des réalités très différentes. »

Vous parliez de documentaire sonore… Vous ressentez le besoin d’intégrer dans votre musique des éléments des paysages que vous avez traversés ?

Joube : « Est-ce un besoin ? C’est en tout cas une envie… Je trouve que s’appuyer sur des rencontres enrichit ma musique. Ça me décentre un peu de ma posture de musicien seul face à ses instruments. Je rencontre des gens qui ont leur propre univers sonore. Il y a un échange. L’univers sonore de ces personnes devient une sorte de palette sonore que j’utilise dans ma musique. Derrière chacun de mes sons, finalement, il y a une histoire. Je trouve intéressant de la partager avec le public au moment du concert. »

Photo de têtière : 
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