Mudhoney plastique l’inaction climatique

« Screw appeasement and flush the fascists / Flush the fascists / Flush the fascists » (« Refusez l’apaisement et tirez la chasse sur les fascistes »)… A 61 ans, Mark Arm, le chanteur de Mudhoney n’a rien perdu de sa rage. Le groupe de Seattle, qui a accompagné le mouvement grunge des années 90 sans jamais singer ses compagnons de scène, revient avec un nouvel album passablement énervé, Plastic Eternity.

Il n’y est pas question que de fascistes ou de conspirationnistes. Sur le chaotique et tourmenté Cry Me an Atmospheric River, Mark Arm se fait le porte-parole grinçant du climat et rappelle que ce dernier se soucie bien peu de l’humanité. Dès le titre suivant, Plasticity, il décrit la façon dont le plastique a envahi nos vies, y compris dans leurs aspects les plus immatériels (« Plastic morals / Plastic news / … »). Dutronc chantait « Tout est mini dans notre vie » ; Mudhoney réactualise le propos avec une férocité plus que convaincante. Ailleurs, Cascades Of Crap évoque la tendance suicidaire de l’humanité, qui ne cesse de générer les déchets qui la perdront. Here Comes the Flood, en revanche, traite moins d’un déluge réel que du déferlement de fausses informations qu’a généré la Covid.

Tout cela pourrait être sinistre mais Mudhoney plastique la morosité aussi habilement que l’inaction climatique. L’humour est partout dans cette enfilade de brûlots punks décalés, qui mêlent basse élastique et psychédélisme, cuivres et hurlements, riffs explosifs et guitare acoustique. Le disque se termine même sur une ode aux petits chiens, Little Dogs. Un tour d’horizon acide des absurdités de la vie moderne, en compagnie de vétérans particulièrement inspirés, qui ne craignent eux-mêmes ni l’absurde ni le ridicule.

Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin...
La page Bandcamp de Mudhoney

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