Jazz : Ivanna Cuesta Gonzalez envoie une lettre à la Terre

« Nous avons oublié que la planète terre est notre maison. Nous avons construit des barrières qui nous séparent des arbres, des rivières, des nuages. Au lieu de ressentir la chaleur du soleil, nous regardons des vidéos de lever de soleil sur notre téléphone, et, au lieu de voir les étoiles, ce sont des écrans qui nous éclairent la nuit. Parce que nous sommes divisés, nous sommes prisonniers de nos propres cages, sans remarquer qu’elles sont invisibles. Elles sont faites d’idéaux absolus, d’yeux fermés et de cœurs silencieux. Pourquoi faisons-nous du mal aux autres alors que nous-mêmes, nous vivons dans la douleur ? Que doit-il se passer, que doit-il arriver pour que nous arrêtions de considérer les baleines comme une ressource matérielle, comme un trophée ? Et le reste comme un tapis à piétiner ? Comment fait-on pour changer si nous sommes tels que nous sommes, et rien de plus ? Pourquoi continuons-nous à nous comporter comme si nous étions l’unique espèce, alors qu’il y a tant de vie dans ce lieu ? »

En espagnol, « dans ce lieu » se dit « en este lugar » et c’est justement le titre du morceau, celui par lequel la Dominicaine Ivanna Cuesta Gonzalez termine son premier album, celui qui porte ces mots dits par la chanteuse mexicaine Pauli Camou. Le disque, lui, s’appelle A Letter To The Earth et est bien moins direct. Ses cinq plages instrumentales débordent d’un jazz vif et raffiné, parfois ponctué par des expérimentations électroniques. Le pianiste Kris Davis, le bassiste Max Ridley et le saxophoniste Ben Solomon accompagnent la batteuse et compositrice, que l’on retrouve également derrière un synthétiseur.

Très remarquée lors de ses études au Conservatoire de musique de la République dominicaine puis au Berklee College of Music, dont elle est diplômée depuis 2020, Ivanna Cuesta Gonzalez signe ainsi un premier opus d’une bienfaisante fraîcheur, même s’il n’est pas dénué de nostalgie. « Depuis que je suis petite, j’ai toujours aimé la nature et j’étais entourée de nombreux arbres, rivières et plages dans mon pays, la République dominicaine », explique-t-elle dans les notes de pochette, « mais le changement climatique est une réalité et tout ce que j’ai vécu en tant qu’enfant a disparu très vite. Maintenant, tout cela n’est plus que des souvenirs ». Même si elle n’utilise les mots qu’en dernier recours, la profondeur de ses réflexions et la sincérité du propos s’entendent parfaitement sur ses compositions : Chaos, Humans vs Humans, A Letter to the Earth, Ongoing Cycles, Duality…

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web d'Ivanna Cuesta Gonzalez

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