Qui va lentement va sûrement. Le collectif Slowfest célèbre en 2025 dix ans d’activisme musical lent mais constant. Les artistes et les techniciennes et techniciens qui le constituent expérimentent à leur rythme des façons plus écologiques et moins énergivores d’exercer leur métier ou de vivre leur passion. Dix ans, donc, de concerts sans amplification ou sur sono solaire, de tournées à vélo ou de micro-festivals en autonomie énergétique que vient rappeler une compilation de 15 titres. L’un des créateurs du collectif, David Caroll, présente ces Slowfest sounds…
Comment avez-vous choisi les titres de cette compilation ? Quel est le point commun entre tous ces artistes ?
David Caroll : « Tous ces artistes ont eu à faire, à un moment donné, à Slowfest. Certains font partie du collectif, d’autres ont participé à des événements. Ce sont donc tous des artistes qui, à des degrés différents, sont engagés dans une démarche d’éco-conception de leur métier. »

Cette éco-conception amène principalement une autre façon de réaliser ses tournées ?
David Caroll : « Pour beaucoup d’entre eux, ça passe par la manière de tourner. Ça peut passer par d’autres choses. Il y en a qui travaillent sur des instruments fabriqués à partir de déchets, par exemple. L’éco-conception peut donc remonter à la conception de la musique en elle-même. Je pense à LeChapus, qui fabrique toute sa musique à partir de déchets plastiques, ou à Joube qui, non seulement tourne à vélo, mais a transformé son vélo en instrument. Donc, le transport mais également toute la démarche artistique peut être influencée par le souhait de préserver son environnement. »
Slowfest agit, sur ces questions-là, en tant que conseiller ?
David Caroll : « Au sein du collectif, il y a pas mal d’artistes qui sont moteurs sur ces questions-là, qui expérimentent, depuis pas mal de temps, différentes modalités et on est dans une logique de partage. On aimerait faire de l’accompagnement d’artistes sur ces questions-là mais, pour l’instant, on n’a pas de modèle de financement de cet accompagnement. Donc, ça se fait de manière un peu informelle. L’association est en train de se structurer pour pouvoir proposer de l’accompagnement et des formations pour les artistes qui ont des projets éco-conçus en développement. »
Concrètement, quelle forme va prendre la compilation ? Y aura-t-il une sortie physique ?
David Caroll : « Non, c’est uniquement une sortie numérique. On aimerait pouvoir presser un vinyle mais c’est devenu aujourd’hui très très cher. »
Comment cette compilation s’inscrit-elle dans la célébration des 10 ans de Slowfest ?
David Caroll : « On a fait une petite fête, chez nous à Bègles, pour les 10 ans mais, au-delà de la région bordelaise, cette compilation est notre moyen de faire rayonner notre collectif et ses messages. Elle marque surtout la création de notre label, Slowfest Sounds, qui porte le même nom que la compilation. Il a vocation à accueillir les productions discographiques des artistes du collectif et d’autres artistes engagés dans des démarches d’éco-conception. »
Ce label va donc investir dans la production discographique ? Vous montez un studio ?
David Caroll : « On a déjà plusieurs studios chez lesquels on travaille. Ils ont été montés par des artistes du collectif. Un à Bordeaux, un à Bègles et un à Mérignac. Ce dernier s’appelle « Hey ! ». Il a été monté par nos collègues Laurent Cabrillat et David Gana. Ils sont vraiment dans une démarche de sobriété. C’est le plus grand studio d’Aquitaine mais il n’y a pas de grande console qui nécessite une consommation électrique folle. Les consoles analogiques, il fallait les climatiser, les maintenir à température. C’était ça la norme du matériel dans les grands studios à l’ancienne. On adore le son des consoles analogiques mais on est contraint de revoir notre manière de faire pour aller vers plus de sobriété. C’est le choix d’Hey ! : ouvrir un grand studio avec un parc de matériel pensé pour la sobriété. »
Comment vont se poursuivre ces célébrations des 10 ans de Slowfest ?
David Caroll : « Il se passe plein de choses cette année. Slowfest Orchestra, qui est l’orchestre résident du collectif, fait deux tournées à vélo, une au mois de mai en région parisienne et une au mois de juillet en Gironde. Ensuite, du 27 août au 7 septembre, on va faire la deuxième édition de notre festival itinérant à vélo, qui s’appelle « Les furtives ». Slowfest Orchestra y sera également programmé, ainsi que d’autres artistes du collectif et d’autres artistes locaux. Ce seront deux semaines d’itinérance à vélo, entre Marmande et Bordeaux. Toute l’équipe du festival – les artistes, les techniciennes et techniciens, les bénévoles, même le public – sera à vélo. »
Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web du collectif
Le site web du studio Hey !