Albert Marcœur sur la « Piste aux oiseaux »…

Albert Marcœur ? Un drôle d’oiseau, qui s’évade de toutes les cages, échappe à toutes les cases, sautant comme à la marelle au-dessus des traits de craie qui séparent la chanson du jazz, le rock des musiques savantes. En 50 ans de carrière, Albert s’est fait bien des amis, dont l’infatigable André Minvielle, avec qui il partage un plaisant penchant pour la fantaisie verbale. Les deux compères ayant également en commun une passion pour la gente ailée, ils ont embarqué le pianiste Antoine Berland dans un tour de chant poétique intitulé La piste aux oiseaux, qu’ils reprennent ce samedi au Musée des Confluences, à Lyon. Présentation…

Vous reprenez, avec André Minvielle et Antoine Berland, La piste aux oiseaux. Personnellement, quel rapport entretenez-vous avec ces animaux ?

Albert Marcœur : Les amis de ma grand-mère étaient tous chasseurs de gibier. Ils se cachaient dans les fourrés et soufflaient dans des petits objets ou tapotaient sur de minuscules gourdes en peau. Ils imitaient ainsi le son des oiseaux afin de les attirer. Je ne suis jamais devenu chasseur mais les ustensiles qu’ils utilisaient ont tout de suite attiré mon attention et j’ai retenu leurs noms sans aucune difficulté. Un appeau, des appeaux… Ah les appeaux ! Je dois dire que je les ai un peu oubliés pendant mes études musicales mais me suis rattrapé depuis et y ai repensé à l’époque de mon premier album. Je m’en suis procuré dans les magasins de pêche et chasse, à la manufacture d’Armes & Cycles de Saint-Étienne et ai écrit une pièce que j’ai appelée Appalderie. Je me suis dit « Ces oiseaux, ils pourraient peut-être s’organiser, siffler ensemble, s’harmoniser, créer des rythmiques improbables, des boucles translucides ». J’ai réussi à me procurer durant ma petite existence une quantité de sons d’oiseaux de pas mal de pays et les ai échantillonnés. Je m’en sers comme des instruments de musique : je les harmonise et les place rythmiquement comme je veux. Aujourd’hui, on assiste sans bouger le petit doigt à la disparition de certaines espèces. J’espère de tout cœur que leurs ramages sont enregistrés quelque part.

Avec quels instruments faites-vous entrer la musique des oiseaux dans la musique des hommes ?

Albert Marcœur : La voix et plus exactement tous les sons provenant de la bouche, de la gorge, des cordes vocales, du larynx, de l’œsophage sont des instruments à ne pas négliger. Ils nécessitent une attention particulière et un travail méticuleux, parfois ingrat. Mais l’enjeu en vaut la chandelle surtout lorsque l’on participe à un spectacle qui s’appelle La Piste aux Oiseaux. J’utilise également la clarinette. Mais la petite clarinette, celle en mi bémol, qui m’offre une quarte supérieure supplémentaire par rapport à la clarinette normale et me rapproche plus précisément de la tessiture des oiseaux. Et je me sers bien évidemment de mes appeaux…

André Minvielle vous décrit en « martin pêcheur », alors qu’il peint Antoine Berland en « goéland » et qu’il se voit lui-même en « accenteur ». Cela vous paraît ressemblant ?

Albert Marcœur : André Minvielle est un visionnaire et un observateur de premier ordre. Il a travaillé sur les accents régionaux, a collecté toutes sortes d’informations. Il a le sens de l’image et trouve toujours la bonne expression pour définir les choses. Je loue son talent, sa poésie, et n’ai surtout rien à ajouter à sa description !

Photo de têtière : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web du Musée des Confluences

Commentaires

  1. Cénel a écrit :

    Très intéressant, très beau site !!
    Par contre, la vidéo s’affiche un peu mal…

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