Déclic : 600 salles de concert et festivals en route vers une culture décarbonée

A eux deux, ils représentent la majorité des salles et des festivals dédiés aux musiques actuelles en France. Le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles, né en 2005) s’allie à la FEDELIMA (Fédération des lieux de musiques actuelles, créée en 2013) pour élaborer une stratégie de transition écologique. L’objectif de leur projet commun, Déclic, est de se doter de moyens d’action efficaces pour réduire l’empreinte carbone et environnementale des musiques actuelles. Maxime Molé, le référent en matière d’écologie du SMA, détaille les ambitions des 600 salles et festivals ainsi fédérés…

Dans quel état d’esprit les adhérents du SMA et de la Fédélima abordent-ils la transition écologique ?

Maxime Molé : « Les structures adhérentes sont, pour certaines, des pionnières dans la transition écologique. Ce sont elles qui nous poussent pour que ces questions soient prises en compte et que des temps de réflexion soient mis en place. Elles nous incitent à trouver des solutions valables pour toutes et tous. Le projet Déclic répond à cette demande. »

Par quoi ce projet va-t-il commencer ?

Maxime Molé : « Ce projet se déroule sur un an et demi. Il y a quatre phases. La première est dédiée à la méthodologie. Elle va durer deux ou trois mois. Elle est importante parce que nous allons faire des typologies de structures. Par exemple, distinguer une salle de concert en milieu rural d’une autre en milieu péri-urbain ou d’une autre en pleine ville… Pareil pour les festivals, qui peuvent être multi-sites ou exclusivement en extérieur ou complètement en salle. On va choisir 18 structures, en fonction de cette typologie. On est accompagné pour cela par le cabinet Ekodev, qui nous permet d’identifier les indicateurs les plus pertinents. On a également constitué un comité technique, composé de 25 personnes expertes du sujet de la transition écologique dans le secteur culturel. »

Que se passera-t-il ensuite ?

Maxime Molé : « La phase 2 sera consacrée à la collecte des données. Les 18 structures choisies pour former un panel représentatif des musiques actuelles vont faire un bilan carbone et trouver des solutions pour moins émettre de gaz à effet de serre quand elles créent ou diffusent un spectacle. La phase 3 consistera à amener les 600 structures adhérentes du SMA ou de la Fedelima à s’emparer de toutes les préconisations qui auront été faites pour les 18. On va mettre en place des formations collectives, au niveau des équipes, au niveau des métiers. C’est l’une des phases les plus importantes pour nous. S’il n’y a que 18 structures qui ont fait les changements, on a loupé le coche ; l’objectif est d’embarquer l’ensemble de la filière. On peut d’ailleurs inspirer des structures qui ne sont pas adhérentes, puisque tout va être en open source. Chacun pourra s’emparer des données, ce qui est tout à fait logique puisque l’opération est financée avec l’argent public. »

Quel est l’objectif à terme ? Des concerts sans émission de gaz à effet de serre ?

Maxime Molé : « Oui, le premier enjeu est en effet d’émettre moins de gaz à effet de serre, voire plus du tout. La question de l’énergie est au cœur de l’actualité. Comment prendre notre indépendance vis-à-vis de ces énergies ? Il faut repenser la manière dont les concerts sont produits, comme celle dont les artistes et le public se déplacent. Mais ce n’est que le premier enjeu, il y en a d’autres… »

La capacité de la musique à incarner le changement (par les textes qu’elle véhicule, les sons qu’elle orchestre, les modèles qu’elle offre) est-elle prise en considération ?

Maxime Molé : « Le projet vise d’abord à aider les professionnels à produire des concerts de manière différente. Ce projet s’intègre dans la construction de nouveaux imaginaires mais ces changements porteront d’abord la façon de concevoir les spectacles de la part des artistes et des professionnels. La construction d’imaginaires plus vastes, à partager avec les publics, est du ressort des organisateurs de concerts et surtout des artistes. »

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
La page du site web du SMA qui annonce l'opération Déclic

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