Hyperculte fait valser les slogans

Le premier titre s’intitule Se perdre. Après une minute d’introduction coup de poing, particulièrement remuante, vient un nouvel infinitif, « se contenter de moins », scandé une trentaine de fois. Puis un autre encore : « se perdre dans les bois ». Hyperculte est ainsi : le duo aime les mots nus qui claquent comme des drapeaux dans le vent, plus que les longues phrases. Du rythme avant toute chose mais aussi des idées très claires.

Sur Pangée, l’album qu’ils ont publié fin 2023, les deux musiciens genevois entonnent une ode à la décroissance complète, celle des modes de vie autant que celle des mots. Cela s’entend : Simone Aubert, la batteuse de Massicot, et Vincent Bertholet, le contrebassiste de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, ont beaucoup lu, notamment des textes de la figure de l’art brut André Robillard ou de l’essayiste Marielle Macé, auteure de Nos Cabanes.

Les deux complices font valser les slogans sur des rythmiques tribales, qui ne dépareraient pas la discographie des Allemands de Can. Parfois, le propos gagne encore en poésie : « Et portés par le grand soulèvement / On remplacerait toutes les caméras de / Vidéosurveillance par des cabanes à oiseaux, / Le capitalisme par une bonne sieste, et tous / Ces cyniques salauds par des pelures / De clémentines ». Fuir la dictature des marchandises, se révolter face aux incendies de forêt, renforcer sa communauté… « Ce monde est mort, gloire au nouveau » clame le groupe. L’appel à repenser – voire à repanser – nos sociétés a rarement été aussi tonique !

Photo de têtière : François Mauger

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