Laura Misch, la saxophoniste londonienne qui tutoie le ciel

Tendez l’oreille : les premières secondes de Hide to Seek, premier titre du premier album de Laura Misch, font entendre la vie intérieure d’un chêne.

La musicienne londonienne s’est fait connaître avec des chansons intimistes (Playground en 2017, Lonely City en 2019…) enregistrées dans sa chambre, sur son ordinateur. La pandémie et le confinement qui s’en est suivi lui ont donné envie de s’ouvrir au monde et une rencontre avec le plasticien Matthew Rosier a achevé de changer sa vie. L’artiste l’a invité à signer la bande-sonore de City of Trees, une installation immersive en pleine forêt d’Epping, au nord-est de Londres. Errant dans les bois avec son saxophone et son enregistreur, Laura Misch a créé une partition originale en contemplant les chênes centenaires, les charmes têtards et les hêtres. Cette expérience lui a également permis d’initier une collaboration au long cours avec l’artiste sonore James Bulley, dont un enregistrement de terrain ouvre donc Sample the Sky, premier véritable album de la jeune femme.

Hide to Seek évoque ce qui se cache sous les écorces, les poils ou les peaux en toute légèreté, le saxophone serpentant gaîment entre les arbres et de pétillantes programmations rythmiques, s’amusant des échos qu’offre le plein air et se glissant même un instant dans un synthétiseur modulaire. Ailleurs, sur Wild swim, des brindilles servent de percussions, tandis que Widening circles baigne dans une atmosphère de pluie de printemps. Partout, la voix de la jeune musicienne évoque de glorieuses aînées, comme Joni Mitchell, ou d’indispensables contemporaines (on songe au début à Tamara Lindeman de The Weather Station). Sample the sky puise à la fois dans l’héritage du jazz et dans l’histoire de la pop pour bâtir une demi-heure d’électro-folk merveilleusement composée, dont les motifs s’imbriquent en douceur. L’environnement n’y est pas qu’un décor. Il en est les racines (dans ses interviews, Laura Misch parle souvent d’une musique « mycéliale ») et l’horizon. Attention constante aux détails du son, paroles incarnées, saxophone habité par le souffle du vent… Tout, ici, s’affaire à répondre aux modèles de la nature.

Photo de têtière : François Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Laura Misch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *