Voilà deux ans qu’on attendait ses conclusions… En 2019, Massive Attack avait demandé aux scientifiques du Tyndall Centre for Climate Change Research d’analyser l’une de ses tournées. Le centre vient de publier son étude. Intitulée « Super-Low Carbon Live Music: a roadmap for the UK live music sector to play its part in tackling the climate crisis », elle fait une quinzaine de pages et est consultable en ligne.
Le milieu de la musique sera peu surpris par les recommandations des chercheurs. « Il y a déjà beaucoup d’excellents exemples de pratiques amenant de très faibles émissions de carbone » reconnaissent les auteurs. Ils appellent pourtant à ce que ces actions soient généralisées et les changements accélérés.
En matière d’électricité, par exemple, ils préconisent l’utilisation des solutions les plus économes pour la lumière, la sonorisation et la climatisation, la création d’énergie sur les lieux de concert grâce à des panneaux solaires ou la contractualisation avec des fournisseurs d’énergie plus verts. En termes de circulation des artistes et de leur entourage, ils conseillent de remplacer les déplacements d’affaire par des réunions à distance, d’utiliser les transports en commun le plus possible (voire la marche ou le vélo) et surtout de se pencher sur la question des modes de déplacement dès le début de l’élaboration d’une tournée. Inutile de le préciser : les jets privés sont définitivement remisés. Quant aux spectateurs, des transports en commun devraient leur être proposés à la fin des concerts. Ils pourraient même être intégrés dans le billet pour le spectacle…
Le plus intéressant est peut-être les enseignements qu’en tire Massive Attack. Dans un communiqué de presse, Robert del Naja, alias « 3D », l’un des chanteurs et DJs à l’origine du groupe anglais, explique que « ce qui compte maintenant, c’est la mise en œuvre ». Il s’interroge : « Les entreprises basées sur les énergies fossiles semblent n’avoir aucun problème à obtenir d’énormes subventions du gouvernement mais où est le plan d’investissement dans la technologie des batteries propres ? Où sont les infrastructures propres ou l’approvisionnement alimentaire décarboné pour un secteur de la musique live qui génère 4,6 milliards de livres sterling chaque année et emploie plus de 200 000 personnes ? ».
Pour le groupe, atteindre dans le secteur musical les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat – c’est-à-dire ne pas contribuer à une augmentation climatique de plus de 1,5 degré – n’est pas impossible mais ne pourra se faire que si les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. En attendant la réponse du gouvernement britannique, Massive Attack, qui attendait la publication du rapport, prépare une nouvelle tournée pour 2022. Elle sera l’occasion de mettre à l’épreuve de nouvelles solutions de réduction des émissions, de collaborer avec l’industriel Dale Vince, ancien « new age traveller » fondateur de la compagnie Ecotricity… et surtout de diffuser ses idées, qui seront peut-être entendues des décideurs.
Photo de têtière : création graphique pour l'album Mezzanine de Massive Attack
Pour aller plus loin... Lire l'étude du Tyndall Center for Climate Change Research Visiter le site web de Massive Attack