Raphaële Lannadère chante Greta Thunberg

Son album précédent s’intitulait Paysages. Le nouveau s’appelle Cheminement et prend l’auditeur par la main pour l’amener là où l’intime devient universel. Le disque s’ouvre sur un éloge de la nature, incarnée par une Rivière refuge de tous les rêves, de tous les espoirs (« Emmène-moi s’il te plaît / Espérer jusqu’à l’aurore / Je veux voir la rivière / Me baigner puis encore / Je veux croire dans l’eau claire que rien ne meurt »).

Raphaële Lannadère a toujours travaillé en marge de l’industrie du divertissement. En 2011, son premier album n’était signé que de son initiale, « L ». Sur les trois disques qui ont suivi, elle a continué de prendre des chemins de traverse. La chanteuse se dévoile rarement, donne parfois peu de concerts, s’isole.

C’est dans un village breton, entre Redon et Vannes, que Raphaële Lannadère a écrit Cheminement. Entonnées d’une voix feutrée et familière, portées par un folk inventif, les chansons évoquent la nature, donc, mais aussi les femmes que l’artiste admire. L’une est également une chanteuse : Miriam Makeba. L’autre est l’activiste climatique Greta Thunberg.

« And if I feel tired / And let myself rest on grass / I suddenly hide my eyes / Cause I cry / For the grace / I’m filled with at last / Should I sing a lullaby / Should I cry / Should I sigh? / How could living with our lies / Make us care more for life? / We all wanna be greater / We all need to be greater / We all need to be Gretas now » chante Raphaële (soit, approximativement : « Et si je me sens fatiguée / Et me laisse reposer sur l’herbe / Je cache soudain mes yeux / Parce que je pleure / De grâce / Je suis enfin emplie / Dois-je chanter une berceuse ? / Dois-je pleurer ? / Dois-je soupirer ? / Comment vivre avec nos mensonges / Pourrait-il nous faire prendre davantage soin de la vie ? / Nous voulons tous être plus grands / Nous avons tous besoin d’être plus grands / Nous avons tous besoin d’être des Gretas maintenant »).

Il y a, dans la façon dont la chanteuse donne peu à peu de l’ampleur aux mots, terminant par un « Greta » savamment étiré, une force discrète qui rappelle le parcours de la jeune Suédoise, qui avait proclamé une « grève pour le climat » après l’été caniculaire de 2018. L’admiration est partagée. Oui, nous avons certainement tous besoin d’être des Gretas…

Photo de têtière : François Mauger

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