Sam Lee, l’Anglais qui chante à l’oreille des rossignols

Le printemps s’installe, les oiseaux migrateurs sont de retour, Sam Lee peut enfin reprendre ses soirées « Singing with the nightingales ». Chaque année, de la mi-avril à la mi-mai, le chanteur folk – l’un des plus charismatiques de Grande-Bretagne, qui ne manque pourtant pas de talents – emmène de petits groupes de mélomanes dans les bois pour des concerts avec les rossignols. Après de nombreuses années passées en compagnie des derniers musiciens nomades du Royaume-Uni, Sam Lee s’est fait une nouvelle spécialité de l’harmonie avec les Luscinia megarhynchos (le nom latin du Rossignol philomèle), leur consacrant même un livre. Lorsqu’on le joint au téléphone, il chuchote : il est dans les bois, en pleine préparation d’une soirée « Singing with the nightingales ». Explications…

Où êtes-vous exactement ?

Sam Lee : Je suis dans un endroit secret, dans le Sussex, entre Londres et Brighton. C’est un bois magnifique, avec des chênes. Quelques rossignols y chantent. C’est assez rare, parce que, malheureusement, les effectifs de cet oiseau déclinent dangereusement en Grande-Bretagne. Je garde le secret sur la localisation exacte de cet endroit pour qu’il n’y ait pas trop de monde.

Les rossignols sont-ils tous revenus de leur migration ?

Sam Lee : Les rossignols sont bien là. Leur effectif est peut-être un peu plus bas que les années passées. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils ont choisi un autre habitat ou parce qu’ils n’ont pas survécu au voyage. La fin avril est le meilleur moment pour les écouter. Ils arrivent à la mi-avril et chantent jusqu’à l’été. Plus précisément, ils arrêtent de chanter lorsqu’ils ont trouvé une partenaire, souvent en mai ou juin. En Europe, ils chantent plus longtemps, souvent jusqu’en juillet, parce qu’ils peuvent avoir deux nichées. Mais, en Angleterre, nous n’avons que 6 ou 7 semaines pour écouter leur chant.

Un reportage de la BBC sur les soirées de Sam Lee

Parvenez-vous réellement à chanter avec eux ?

Sam Lee : Oui, les oiseaux sont très collaboratifs. Ils reconnaissent les musiciens humains et ils changent de tonalité. C’est vraiment extraordinaire de voir à quel point ils sont musiciens (et humains, d’une certaine façon, à moins que ce ne soit nous qui soyons rossignols). Ils ont le sens du tempo, de la mélodie, de l’improvisation…

Comment se déroulent les soirées « Singing with the nightingales » ?

Sam Lee : Pour le public et les musiciens, c’est extraordinaire. Nous emmenons entre 35 et 40 personnes avec nous. Jamais plus, pour que cela reste intime. Le public passe une soirée unique : nous les nourrissons, nous leur racontons l’histoire des rossignols autour du feu, puis, lorsque la nuit est tombée, vers 23 heures, nous marchons en silence, sans lumière, à travers les ténèbres, pour aller à la rencontre des oiseaux. Le moment où nous arrivons à l’endroit où ils chantent, où nous nous asseyons sous les arbres, est magique. Nous commençons alors à jouer de la musique. C’est une cérémonie. La transe est proche. Nous sommes sous les étoiles, emmitouflés dans nos couvertures, et nous assistons au plus exquis des concerts que l’on puisse imaginer.

A-t-on une chance de vous voir un jour ailleurs qu’en Grande-Bretagne ?

Sam Lee : Absolument ! « Singing with the nightingales » se prépare à sortir du Royaume-Uni. En fait, cela s’est déjà produit cette année, en Hongrie, où un festival nous a invités. Nous adorerions jouer en France. Si quelqu’un veut organiser un événement de ce type, qu’il nous contacte. Nous aimerions jouer dans toute l’Europe. Un événement assez proche à régulièrement lieu à Berlin, où il y a des rossignols. Un ami y organise des concerts un peu différents, sans le feu ni la marche. S’il vous plaît, si l’aventure vous tente, contactez-nous…

L’émission que Sam Lee a montée en 2022 pour fêter le retour des rossignols
Photo de têtière : François Mauger
Pour continuer...
La chronique du livre de Sam Lee, The nightingale
Pour aller plus loin...
Le site web de Sam Lee
Le site web de son collectif d'artistes