[A lire] « The Nightingale » de Sam Lee

Plus qu’un essai, The Nightingale est une déclaration d’amour. Sam Lee voue un véritable culte au rossignol, depuis qu’il a découvert son chant. L’auteur le reconnaît : il s’agit pourtant d’un oiseau discret, aux plumes peu colorées. Mais sa musicalité semble illimitée. Selon l’auteur, il est capable de combiner 250 phrases, alors que la plupart des autres oiseaux n’en connaissent qu’une dizaine. « Contrairement à notre larynx, les oiseaux ont un petit organe particulièrement bien adapté qui s’appelle le « syrinx ». Un syrinx d’oiseau est constitué de deux poches distinctes, ce qui permet à l’oiseau de produire simultanément deux sons différents ou de produire un chant continu » explique l’infatigable promeneur.

Son livre prend parfois des allures d’inventaire à la Prévert, avec ses recensions minutieuses des apparitions de l’oiseau dans les chansons et la poésie populaire du monde entier, ou le chapitre dans lequel il indique les forêts dans lesquelles il part l’écouter dans l’Essex, le Kent ou le West Sussex. La raison cède souvent la place à l’émotion, tant Sam Lee est subjugué par la musicalité de son maître. Sam est en effet lui-même l’un des plus grands chanteurs actuels de Grande-Bretagne, très régulièrement nominé à des prix tels que les BBC Folk Awards ou le Mercury Music Award. Spécialiste du chant a cappella tel que le pratiquaient les chanteurs itinérants britanniques qui l’ont formé, il connaît la valeur du silence, « part vitale de la composition ». La façon dont le rossignol l’emploie a été pour lui « un mode d’emploi de la musicalité, un cours magistral d’exploration mélodique ».

Avec ses amis du Nest Collective, il organise des pèlerinages annuels dans les bois, où il emmène le public et quelques musiciens à la rencontre des rossignols. Il les écoute et mêle sa voix à la leur, comme l’un de ses modèles, Béatrice Harrison, le faisait avec son violoncelle.

Sam Lee improvise dans un bois du Sussex, en compagnie de rossignols

Naturellement, Sam s’inquiète du recul de ce migrateur qu’on n’observe plus guère que dans le sud-est de l’Angleterre. Le rossignol tend à disparaître parce qu’il perd peu à peu son habitat, les bois défrichés où il façonne son nid à même le sol, et souffre de malnutrition, ses proies étant décimées par les insecticides. « Dans 30 ans, les rossignols seront réduits au silence au Royaume-Uni » enrage le chanteur qui ne désespère pas pour autant et raconte comment il a rejoint le mouvement Extinction Rebellion.

Les derniers chapitres de son ouvrage sont dédiés à cette résistance qui s’organise, dans la joie et en musique, pour que les enfants de ce siècle (l’auteur est père depuis peu) aient eux aussi une chance d’entendre le chant du rossignol

A lire : « The Nightingale » de Sam Lee, Penguin Books (non traduit)
Photo : Cénel Fréchet-Mauger
Pour aller plus loin...
Le site web de Sam Lee
Le site web du Nest Collective
La page du site Oiseaux.net sur laquelle on peut entendre des rossignols

Commentaires

  1. […] continuer… La chronique du livre de Sam Lee, The […]

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