A Barbizon, de la musique des plantes aux droits de la nature

« L’idée est de passer une journée à la découverte de la musique des plantes et d’éveiller ou de cultiver l’intérêt pour le vivant ». C’est avec entrain que Priscilla Telmon présente le programme des « Nuits de la Forêt » à Barbizon, en lisière de la forêt de Fontainebleau. Documentariste, photographe et exploratrice sonore, elle a conçu avec l’association Nature Rights trois projets à découvrir tout au long de la journée du 18 juin.

Le premier prend la forme d’une installation au sein de la Folie Barbizon, un lieu singulier mêlant résidence d’artiste, hôtel et restaurant. Immersif autant que poétique, « Le consulat de la plante » permet de faire l’expérience de la musique des plantes. « Comme tout être vivant, les plantes émettent une fréquence et une onde électrique » rappelle la réalisatrice. « Via des capteurs positionnés sur une feuille et la racine, on peut, grâce à de petits boîtiers, retranscrire l’ondulation en sons. Cela donne des sons très harmonieux, révélateurs des conditions de vie de la plante. »

Second projet, en extérieur cette fois : « rites et racines », un espace de relaxation sous un chêne, décoré comme peuvent l’être les arbres de Mongolie ou du Népal. De petites enceintes invisibles diffuseront les chants de guérison que la voyageuse a enregistrés dans les communautés indigènes du monde entier.

Troisième et dernier projet : un concert botanique, pendant lequel le chercheur en électrophysiologie et sonothérapie botanique Renaud Ruhlmann jouera avec le grand platane de la Folie Barbizon, probablement rejoint par de nombreux autres musiciens.

« A travers la musique des plantes, on veut sensibiliser aux droits de la nature, faire ressentir l’intelligence du vivant, approcher cette forme de conscience qu’on appelle « conscience botanique » » explique Priscilla Telmon, qui ajoute : « Des chercheurs du CNRS ou des universités travaillent sur ce sujet, qui peut avoir un impact immense par rapport à l’agriculture ou la médecine quantique. »

Cette journée de rencontres avec le public n’est d’ailleurs que l’embryon d’une entreprise bien plus vaste, qui commencera prochainement au Consulat, un tiers-lieu parisien. « C’est un lieu de concerts, d’installations, de résidences artistiques, qui accueille plus de 45 artistes : des plasticiens, des photographes, des peintres… On va y accueillir pour la première fois une fougère en résidence, une fougère musicienne, de l’espèce Woodwardia. Un élément du règne végétal va y obtenir le statut d’artiste » révèle la jeune femme, dont les travaux ont été exposés au Moma de New York ou au Barbican de Londres. « A partir de ce détournement, on va pouvoir faire connaître tout le corpus de connaissances en phytoneurologie, en matière d’intelligence botanique. Notre démarche mêle arts et sciences. Elle prendra des formes diverses : des ateliers avec la jeunesse, des conférences avec des chercheurs du Muséum d’histoire naturelle, des rencontres avec des philosophes comme Emanuele Coccia ou Vinciane Despret, qui a beaucoup travaillé sur l’idée du territoire animal mais qu’on voudrait entendre penser sur le territoire du végétal… On va pouvoir travailler avec des juristes sur tous les vides juridiques en matière de protection de la nature. Il y en a hélas énormément. On collabore notamment avec un cabinet à Londres qui s’appelle Client Earth : des avocats internationaux qui s’opposent aux abus ». « Dans notre atelier de 50 mètres carrés, on va pouvoir accueillir le public ou des artistes qui veulent dialoguer avec cette plante musicienne » résume Priscilla Telmon. Le début d’une nouvelle aventure…

Photos : Priscilla Telmon
Pour aller plus loin...
La page du site web des "Nuits de la Forêt" dédiée à l'événement
Le site web de La Folie Barbizon
Le site web du Consulat
Le site web de Petites Planètes, la société de production de Priscilla Telmon
Le site web de l'association Nature Rights

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