C’est à proximité de Manaus qu’Amaro Freitas est allé chercher l’inspiration de son nouvel album, Y’Y. Comme la plupart des Brésiliens, le pianiste originaire de Recife ne s’était jamais rendu en Amazonie. Le spectacle des eaux sombres du rio Negro se mêlant au flot ocre du rio Solimões lui a insufflé de nouvelles idées. Le titre est justement un mot utilisé par les Sateré-Mawé pour dire « eau ou « rivière ». Il prolonge ceux de ses albums précédents, Rasif et Sankofa, qui, en puisant dans les sonorités de l’arabe ou dans les langues parlées au Ghana, évoquaient déjà l’héritage de ce qui existait avant la colonisation du Brésil. « Il s’agit d’honorer ces peuples autochtones et, à travers eux, notre mère nature qui subit une exploitation effrénée de la part de l’Etat brésilien, causant d’irréparables dommages » a expliqué le musicien à Libération.
Le disque est nourri par la mythologie de la forêt, à l’image de ce géant affamé, dont le nombril est une énorme bouche, qui erre à la recherche de nourriture. A d’autres moments, la nature est évoquée par les sons, comme sur Viva Naná, hommage au percussionniste de Pernambouc Naná Vasconcelos, auteur d’un album intitulé Amazonas, ou sur Uiara, pour lequel Amaro Freitas contraint les cordes de son piano afin d’imiter le boto (Inia geoffrensis), le dauphin de l’Amazone.
Dans un texte publié sur la page Bandcamp de l’abum, le pianiste brésilien décrit cet album comme « un avertissement sur la nécessité d’être conscient de l’impact que nous avons ou qu’ont des concepts comme « civilisation » et « modernité », qui nous éloignent de notre connexion au vivant et de son importance pour l’équilibre de la vie sur la planète ». Les spectateurs de ses concerts à Pantin, à la Dynamo de Banlieues Bleues, ou à Bruxelles apprécieront certainement le message.
Photo de têtière : Zeedoo (via Pixabay)
Pour aller plus loin... Le site web d'Amaro Freitas