Cesser de croire en la croissance ?

Musique et décroissance ? Des universitaires planchent sur la question…

En 2016, paraissait aux éditions de l’université catalane de Gérone Art et décroissance, les actes d’un colloque organisé par Carmen Pardo Salgado, Roberto Barbanti, Kostas Paparrigopoulos et Makis Solomos. En 2018, étaient publiés les actes d’un autre colloque qui avait réuni plus de vingt penseurs autour de la « transition des arts ». La quatrième de couverture de ce recueil distribué par L’Harmattan indiquait que « s’il est capable de quitter le mode productiviste qu’il a intériorisé, l’art pourrait proposer un modèle tourné vers la qualité plutôt que la quantité, vers l’expérience plutôt que vers l’éphémère consumériste ».

Pour le colloque de 2016, le musicologue Makis Solomos a attaqué la question de front dans un texte baptisé « Musique et décroissance, une première approche ». Comme son titre l’indique, la réflexion ne fait que commencer.

Le spécialiste de Xenakis ouvre donc plusieurs chantiers. Celui, d’abord, d’une musique qui est devenue soit simple divertissement, soit produit de luxe : « dans les deux cas », écrit-il « l’art généré (…) comble des besoins très précis du capitalisme ».

Celui également de « l’hypertrophie du sonore dans le monde que nous vivons aujourd’hui, qui est peut-être l’équivalent du productivisme et du consumérisme ambiants ».

Celui, pour continuer, de la place de la musique : « Dans une société de décroissance, la musique pourrait s’inscrire davantage dans la vie quotidienne, ne plus être réservée aux professionnels, comme il en va souvent dans les sociétés traditionnelles » suppose-t-il.

Celui du rôle de la technologie, enfin. « La musique est l’un des premiers arts à s’être allié les diverses formes de nouvelles technologies : développement des instruments électriques dès la première partie du XXe siècle (theremin, ondes Martenot…), utilisation de l’enregistrement pour la diffusion mais aussi pour la composition musicale (naissance de la musique concrète), synthèse du son, premières utilisations de l’ordinateur… » rappelle-t-il, avant d’affirmer « je soutiendrai l’affirmation suivante : plus la technologie reste extérieure à la musique, plus elle tend à épouser le modèle productiviste de la croissance ».

Autant de pistes de réflexion à arpenter les mois qui viennent…

Photo : Cénel et François Mauger
Pour aller plus loin...
https://hal.archives-ouvertes (...) .fr/hal-01789690/document

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