C’est prouvé, les chauves-souris n’aiment pas les festivals

Espèce principalement diurne, l’humain a, l’été venu, tendance à prolonger ses activités jusqu’au milieu de la nuit. Or les espèces nocturnes dépendent du son pour réunir les informations nécessaires à de nombreux aspects de leur vie, notamment leur déplacement, leur recherche de nourriture, leurs relations sociales et sexuelles… La modification de son paysage sonore peut donc mettre en danger un animal nocturne, en l’empêchant de reconnaître les signaux acoustiques importants de son environnement, comme par exemple la présence de prédateurs.

Quatre universitaires britanniques – Jack Hooker, Emma Daley, Emma Stone et Paul Lintott – se sont intéressés à l’impact des festivals sur les chauves-souris. Ils ont pour cela investi 10 sites du sud-ouest de l’Angleterre et du sud du Pays de Galles entre août et septembre 2021 en choisissant des espaces qui pourraient accueillir un festival : de vastes prairies bordées par des bois. Dans chaque site, ils ont d’abord gardé le silence une nuit entière, pour observer la faune nocturne. Puis, la nuit suivante, ils ont diffusé un pot-pourri de musiques populaires (Bootylicious de Destiny’s Child, Untold stories de C3B, War pigs de Black Sabbath, Life gets better d’Ed Solo & Skool of Thought et Seventeen de Sharon Van Etten) à 100 décibels. L’activité des chauves-souris a été enregistrée à proximité des arbres, à environ 2 mètres des haut-parleurs, puis à 20 et 40 mètres.

Résultat : l’activité nocturne des chauves-souris du groupe Nyctalus / Eptesicus baisse de 47 % lorsqu’elles sont exposées à cette source de musique. Même les Pipistrelles, réputées plus coutumières des activités humaines, diminuent leurs déplacements de 32%.

D’ordinaire, les atteintes portées à l’habitat de la faune sauvage ne sont étudiées que dans le cas d’installations pérennes (nouvelles routes, construction de logements…). Jack Hooker, qui est chercheur à l’université de Bristol, souhaiterait que des politiques relatives aux niveaux de bruit soient appliquées même dans le cas d’événements éphémères. Associée à l’étude, Emma Stone, du Centre Milner pour l’évolution de l’Université de Bath, avance quant à elle l’idée de haies anti-bruit qui pourraient être mises à la disposition des festivals pour réduire les vibrations envoyées vers les forêts. Une piste à soumettre aux responsables des festivals qui se sont installés loin des villes…

Photo de têtière : Johanna Schen (via Pixabay)
Pour aller plus loin...
Lire l'étude complète de Jack Hooker, Emma Daley, Emma Stone et Paul Lintott

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