Ensemble Oneiroï : « En musique ancienne, énormément de pièces parlent de la nature »

Robin des Bois a des descendants. Aujourd’hui, face au ministère de la Transition Écologique ou le long du tracé de l’A69, des femmes et des hommes montent dans les arbres pour tenter de les sauver. Aux Etats-Unis aussi, comme les héros du roman L’Arbre-monde de Richard Powers ou, dans la vraie vie, Julia « Butterfly » Hill. C’est de cette jeune femme audacieuse que l’ensemble de musiques anciennes Oneiroï s’est inspiré pour Entre ciel et terre, un nouveau spectacle qu’il dévoile le premier juin à l’abbaye de Royaumont. Les explications de la violiste et flûtiste qui a fondé l’ensemble…

Comment passe-t-on des musiques anciennes, qui sont votre spécialité, à l’histoire de Julia Hill ? Et d’ailleurs qui est cette Julia Hill ?

Valentine Lorentz : « Julia Hill est une jeune militante américaine, qui a grimpé à 55 mètres de haut, au sommet d’un arbre, un séquoia millénaire en Californie du Nord, pour le protéger de l’abattage. Elle y a passé plus de 2 ans, 3 hivers en tout. On est arrivé à ce personnage on ne peut plus réel avec surprise. On ne s’y attendait pas, puisqu’on travaillait sur le thème de l’imaginaire de l’arbre dans la littérature, aussi bien du côté du conte que du côté de la mythologie. On explorait toutes sortes de registres différents et on a découvert cette histoire-là un peu par hasard. Elle nous a beaucoup touchées. Elle a fini par prendre tant d’importance dans le spectacle qu’elle en a pratiquement expulsé les autres histoires. On s’est retrouvé finalement à consacrer ce spectacle à Julia Hill ; son aventure est devenue un cadre dans lequel on glisse d’autres petites histoires. »

Ces histoires dialoguent avec des airs de musique ancienne…

Valentine Lorentz : « Exactement. On a centré notre répertoire sur le baroque anglais du XVIIe siècle, avec des pièces de Purcell, de Blow et de nombreux compositeurs anonymes. On s’est aussi emparé de musiques issues du répertoire traditionnel folk. Elles puisent dans le même creuset mais elles ont ensuite été arrangées par des chanteurs plus récents, comme Joan Baez ou d’autres. On a essayé de revenir à la source ancienne pour recréer ces pièces, qui peuplent notre imaginaire actuel sous une forme folk, avec le son des musiques anciennes. »

En dehors de ce folk ressourcé, y a-t-il dans les musiques anciennes des airs qui font écho à la crise du vivant que nous traversons ?

Valentine Lorentz : « En musique ancienne, énormément de pièces parlent de la nature, des arbres, des animaux, des saisons… Donc, oui, d’une manière générale, la musique ancienne fait écho à notre temps. On évoque souvent l’amour de la nature et nombre d’histoires que nous chantons ont pour cadre les forêts et les champs. Ça résonne tout le temps. »

« Entre Ciel et Terre » est un spectacle destiné à un public familial. Quelle réaction en attendez-vous ?

Valentine Lorentz : « De l’émerveillement ! Un désir de continuer à écouter ou de recommencer à écouter la voix des arbres après ce petit détour par un spectacle musical… »

Photo de têtière : François Mauger
Photo de l'ensemble : Hugo Warynski
Pour aller plus loin...
Le site web de l'ensemble
La page du site web de l'abbaye de Royaumont consacrée au spectacle

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