Hurray for the Riff Raff : Alynda Segarra, Bruce Springsteen de la génération climat ?

La Paruline de Bachman (Vermivora bachmanii), une espèce de passereaux qui n’a plus été observé aux Etats-Unis depuis des années, la chauve-souris frugivore des Mariannes (Pteropus mariannus), le Zostérops bridé (Zosterops conspicillatus), petit passereau lui aussi en voie de disparition sur les îles Mariannes, le légendaire Dodo de l’Île Maurice (Raphus cucullatus)… Sur Buffalo, Alynda Segarra fait le compte des animaux disparus ou en voie d’extinction. La chanson, placée dans les premières minutes de The Past Is Still Alive, le nouvel album de son groupe, Hurray For The Riff Raff, n’est pas pour autant désespérée. « I hope our time will never go » (« J’espère que notre temps ne passera jamais ») chante à plusieurs reprises la jeune femme qui a énormément voyagé, de son Bronx natal à la Nouvelle-Orléans, et n’a pas toujours eu la vie facile. Les 11 morceaux de cet opus ont été écrits après la mort de son père mais son travail de deuil s’étend bien au-delà du seul cercle familial, évoquant même l’idée de l’anéantissement humain.

« Avant, je pensais que j’étais née dans la mauvaise génération », chante Alynda Segarra sur Ogallala, « Mais maintenant je sais que je suis arrivée à temps / Pour regarder le monde brûler ». Au fil des chansons, entre des évocations du vol à l’étalage ou du Fentanyl, la drogue bien trop puissante qui décime en ce moment la jeunesse états-unienne, ce sont les végétaux qui montrent la voie. « Nous sommes frappés par des ouragans chaque année et pourtant la vie végétale prospère » a confié la chanteuse au quotidien britannique The Guardian. Celle que de nombreux critiques anglo-saxons comparent à Bruce Springsteen, pour sa capacité à faire tenir un monde entier dans une chanson, a ajouté, se souvenant alors de la pandémie : « C’était très réconfortant de regarder ces êtres vivants et de se dire : « Je ne sais pas comment survivre à ça ; comment peuvent-ils survivre ? ». D’où, sur l’album précédent, Life on earth, un morceau intitulé Rhododendron et, sur le nouveau, un clin d’œil au Vetiver et à la Snake Plant (Sansevieria trifasciata). Hurray for the Riff Raff – qui réfute l’appellation « Americana », malgré un talent de songwriteuse éclatant qui rappelle les plus belles heures de la country music et du folk – a d’ailleurs tiré de cette proximité avec les plantes le nom du style auquel ils aimeraient être associés, le « nature punk ».

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