Parquet Courts, avant que New York ne coule

S’il est bien une ville qui craint la montée des eaux, en dehors de Venise, c’est New York. La cité la plus peuplée des Etats-Unis est en effet située sur un archipel. Seul le Bronx se situe sur le continent ; Brooklyn et le Queens sont sur Long Island, Soho et Harlem à Manhattan. L’ouragan Sandy en 2012 puis les tempêtes Ida et Henri en 2021 ont appris aux habitants à quel point ils étaient vulnérables. Des travaux pharaoniques ont donc été lancés pour ériger des digues.

Parquet Courts n’a pas abandonné la ville. Mais le groupe a pris la parole. Sur Before the water gets too high, un titre imprégné de dub, parcouru par le son lancinant d’un Omnichord (un clavier électronique désuet), Andrew Savage chante : « L’eau potable dont nous dépendons / Se mêle à des rivières qui n’existaient pas hier / Quand tous les signes étaient visibles mais ont été manqués / Que vaut tout l’argent que nous avons amassé ? / Allons-nous flotter les bras croisés sur un lac nouveau-né / Bien au-dessus des centres financiers ? / Les villes coulent comme les taux du marché / … / Avant que l’eau ne monte trop haut / Additionnez les pots-de-vin que vous acceptez / Et sachez que le temps ne s’achète pas / Avec les bénéfices que vous faites ».

Le titre a été entendu puisqu’il figurait sur l’album le plus populaire de ce groupe formé à Brooklyn en 2010. Alors que leurs albums précédents n’étaient chroniqués que dans quelques revues spécialisées, leur Wide Awake ! de 2018 a été diffusé partout – notamment sur France Inter aux heures de grande écoute – grâce à l’irrésistible charivari hurlé qui lui donnait son titre.

Trois ans plus tard, le quartet revient avec Sympathy for Life, dont le titre annonce autant un goût de la fête retrouvé que des préoccupations écologiques renforcées. Entre le très réussi Walking at a downtown pace et l’énervé Homo sapien, on y entend notamment Plant life, attachante fantaisie à propos de la végétation, issue de très longues improvisations.

Disque après disque, Parquet Courts continue ainsi de planter les graines d’un rock de son temps, profondément enraciné dans les rythmes qui font danser New York et ouvert aux préoccupations de ses citoyens. A suivre de près !

Photo de têtière : François Mauger

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