Ninja Tune, Brian Eno… L’industrie musicale anglaise donne l’exemple

Un peu avant le « jour de la terre », le jeudi 22 avril, deux maisons de disques britanniques ont annoncé qu’elles s’engageaient à présenter très prochainement un bilan carbone négatif.

La première est une légende dans le milieu des musiques électroniques : Ninja Tune a été fondée en 1990 par les deux DJs du duo Coldcut et a depuis accueilli des artistes tels qu’Amon Tobin, The Herbaliser, Bonobo, Fink, Jaga Jazzist, The Cinematic Orchestra, Mr Scruff… La seconde, Beggars Group, rassemble des labels aussi renommés que 4AD (Pixies, Beirut, Dead Can Dance…), Rough Trade (The Smiths, The Libertines, Antony and the Johnsons…), Matador (Pavement, Cat Power, Kurt Vile…) ou XL Recordings (Adele, Gil Scott-Heron, The xx, Sigur Rós…).

Ces deux petits géants font partie des membres fondateurs du groupe de travail sur le développement durable d’Impala, l’organisation pan-européenne de promotion des labels indépendants. Ils ont donc choisi de mettre en place des politiques proches.

(logo de Ninja Tune)

Les bureaux londoniens de Ninja Tune disposent par exemple de 18 panneaux solaires. Comme dans ses bureaux de Berlin et de Los Angeles, le reste de son électricité lui est fourni par un distributeur spécialisé dans l’énergie renouvelable. Toutes les pochettes du label sont faites avec des papiers et des cartons recyclés ou, au pire, avec du papier estampillé « FSC » (Forest Stewardship Council), y compris pour les CDs (son dernier boîtier en plastique date de 2008). Ses disques vinyles ne pèsent plus que 140 grammes, au lieu des 180 qui sont en train de devenir la norme, sans que cela n’altère la qualité du son assure-t-il. Les déplacements de ses employés se font autant que possible en train. Leur retraite est confiée à un fonds qui n’investit pas dans les énergies fossiles, tandis que le label place une partie de ses fonds à la banque Triodos, qui n’investit que dans des projets durables. La société soutient ouvertement Music Declares Emergency, Greenpeace et Extinction Rebellion. Enfin, les émissions de gaz à effet de serre qui n’ont pu être réduites par toutes ces actions sont compensées par des investissements dans la plantation d’arbres ou la protection des forêts.

Brian Eno (photo : Shamil Tanna)

Au cours de sa longue et toujours surprenante carrière, Brian Eno a travaillé avec et pour des dizaines de labels différents. Le père de l’ambient, désormais septuagénaire, a conçu un projet qui les réunira tous. Baptisé « EarthPercent », il vise à réduire l’empreinte environnementale de toute l’industrie de la musique. L’idée est simple : les producteurs de disques ou de concerts ne sachant pas nécessairement comment compenser au mieux leurs émissions de gaz à effet de serre peuvent confier ce soin à cette nouvelle organisation. « Actuellement, moins de 2% de la philanthropie mondiale est consacré à la lutte contre le changement climatique, ce qui n’est pas assez pour répondre à un défi de cet ampleur » rappelle EarthPercent sur son site. Brian Eno et ses proches ont pour objectif de collecter 100 millions de dollars auprès de l’industrie musicale d’ici à 2030 pour les distribuer « à ceux qui sont à l’avant-garde de la justice climatique ». La somme peut paraître énorme mais elle ne représente après tout que 6 ou 7% de la fortune de Kanye West

Photo de têtière : Cenel et François Mauger
Pour aller plus loin...
La politique de « sustainability » de Beggars
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